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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/139

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SON INSTRUCTION
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M. Desormes[1] envisage, il est vrai, dans la correction surtout le côté technique : « Pour bien lire une épreuve en premières, il est indispensable d’être typographe, car la correction n’a pas seulement pour objet la recherche des coquilles et autres accidents, tels que bourdons, doublons, lettres retournées, etc., mais elle consiste aussi dans le redressement des infractions commises aux règles typographiques… Or, l’on ne connaît bien ces règles, et l’on n’en peut faire une sage application que si l’on a été, comme ouvrier, aux prises avec les difficultés que leur mise en pratique occasionne dans un très grand nombre de cas. » Mais Desormes ne peut dans une courte phrase se retenir de faire une allusion discrète à l’érudition nécessaire au correcteur : « … Quand il revient de chez l’auteur, le bon à tirer est relu en entier par un correcteur en secondes, homme d’une capacité solide, d’expérience et d’observation. »

Presque aussi bref dans ses considérations — qualité rare, estimeront quelques-uns ! — mais plus explicite, cet autre auteur : « À une érudition convenable un correcteur doit joindre la connaissance au moins théorique des règles typographiques, afin de pouvoir non seulement signaler les défauts qui peuvent, sous ce rapport, se produire dans la composition, mais encore le moyen d’y remédier à coup sûr. Pour le véritable correcteur typographe, il ne suffit pas en effet que le livre dont la lecture lui est confiée soit irréprochable quant au fonds, il faut encore que la forme en soit convenable. »

En un long article, peut-être dû à la plume érudite de Bernier, le Grand Dictionnaire universel du xixe siècle de Pierre Larousse résume ainsi la question : « Une connaissance approfondie de la langue française, au point de vue théorique, aussi bien qu’au point de vue pratique, est indispensable au correcteur. Il doit également connaître les divers systèmes d’orthographe pour être en mesure de prémunir les auteurs contre les méthodes fantaisistes ou arbitraires qu’ils seraient tentés d’adopter et les rallier à l’orthographe de l’Académie qui est la meilleure… Il doit savoir le grec et le latin de façon à pouvoir traduire au moins Démosthène et Cicéron ; enfin, la connaissance d’une langue

  1. Notions de Typographie, p. 260.