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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/181

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APPRENTISSAGE
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§ 3. — APPRENTISSAGE


Il serait, sans doute, malaisé d’indiquer exactement ce que pouvait être, sous l’ancien Régime, l’apprentissage d’un correcteur, et même d’affirmer de prime abord que le correcteur était tenu à un apprentissage. Ces deux points valent, dès lors, qu’on s’arrête quelques instants à leur examen, et que de leur étude on dégage une ligne de conduite utile pour l’apprentissage du correcteur à notre époque.

Il est certain que, dès les premiers temps de l’imprimerie, le correcteur « ne sortait pas du rang », suivant l’expression chère à nombre de gens qui dissertent du correcteur avec plus de bonne volonté que de capacité : La Pierre, Guillaume Fichet, Erhard, Louis de Rochechouart évêque de Saintes, Juste Lipse, Estienne le médecin, Arias Montanus, Raphelengien, Érasme, Mélanchton, Rabelais, Michel Servet et Balthazard de Thuerd étaient exclusivement des érudits lorsqu’il leur fut donné de se préoccuper de typographie. On nous concédera volontiers, pensons-nous, que certains d’entre eux durent acquérir au moins les connaissances théoriques[1] du métier : le fait est incontestable pour La Pierre et pour Erhard qui assumèrent successivement la direction littéraire de l’atelier de la Sorbonne ; pour Claude Clérard, maître ès arts, qui fut correcteur chez Pierre Le Dru, également maître ès arts et imprimeur rue Saint-Jacques près des Mathurins de 1488 à 1500 ; pour Estienne le médecin, qui un moment dirigea la Maison de son frère, avant de « tenir lui-même boutique » d’imprimerie ; pour Juste Lipse, qui honora de son amitié l’imprimeur Plantin et fut son plus illustre collaborateur ; pour Raphelengien, aux mérites duquel Plantin rendit un si légitime hommage ; pour Balthazard

  1. D’après Théotiste Lefevre : « … Des correcteurs qui joignent à l’érudition convenable les connaissances au moins théoriques des règles de la typographie » (Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographe, p. 484).