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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/189

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APPRENTISSAGE
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des signes, leur valeur, les motifs et les raisons de leur emploi, leur emplacement dans la composition et dans la marge. Dès cette première expérience que le correcteur fera de son futur métier, il importe d’insister de manière particulière sur l’ordre et la clarté qui doivent présider à toute correction ; il importe également, après quelques essais, d’obliger l’apprenti à exécuter les signes de correction de façon correcte, et de ne pas tolérer dès le début ces déformations involontaires qui, avec le temps, rendront obscurs, parfois méconnaissables, ou même incompréhensibles les signes les plus courants.

L’épreuve corrigée est soigneusement revue par un correcteur qui indique, avec explications à l’appui, les omissions, les erreurs d’application et les fautes de correction.

L’apprenti doit effectuer lui-même sur le plomb les corrections relevées ; puis, par une revision soignée, vérifiée comme la première épreuve, il s’assure qu’il a parfaitement compris la valeur et l’emploi des signes et qu’il a rectifié correctement les coquilles, les bourdons, les doublons, etc., de son premier travail.

Cet exercice sera continué autant que le jugera utile le chef — intelligent — auquel l’apprenti aura été confié : la copie manuscrite, aux difficultés progressives, remplacera bientôt la réimpression « chou pour chou » ; et le « bon », la composition quelconque. Les progrès de l’élève dépendront évidemment des conseils qui lui seront donnés et de la surveillance dont il sera l’objet. Car on ne peut supposer qu’un patron qui a décidé de consacrer à l’apprentissage de son futur correcteur un temps précieux, qu’un prote qui a assumé la charge de cet apprentissage, s’en désintéresse finalement au point d’abandonner l’élève à ses seuls, et combien pauvres ! moyens, ou de le confier à un subalterne dont le moindre souci sera de « perdre son temps » à instruire un déclassé qu’il jalouse déjà. Le fait paraîtrait invraisemblable : il en est cependant des exemples, sur lesquels une pénible expérience personnelle nous permettrait, si nous l’osions, de rapporter des détails et des faits particulièrement navrants, et dont nous avons supporté les conséquences regrettables.

Lorsqu’il saura composer correctement, lorsqu’il connaîtra les principales règles typographiques, le correcteur pourra être confié aux soins d’un chef d’équipe, d’un metteur en pages qui l’initieront