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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/281

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que tous suivent la même voie, la même règle ; il est indispensable enfin que « le travail de plusieurs ait l’apparence d’avoir été exécuté par un seul ». Une obligation s’impose dès lors pour atteindre ce but : « rectifier autant que possible les anomalies du manuscrit, spécifier dans quelle mesure les règles typographiques — la marche — adoptées par la Maison doivent être respectées ».

« La réelle utilité qu’il y a pour une imprimerie à posséder une marche typographique n’a pas échappé à nombre de protes et correcteurs de Maisons importantes qui ont fait rédiger ou ont rédigé eux-mêmes, à l’usage du Personnel, un modeste vade-mecum où se trouvaient condensées les règles usuelles et élucidées les difficultés les plus courantes de la composition.

« Cette tentative a pris une certaine importance du fait que quelques grandes librairies parisiennes ont consenti volontiers à utiliser ces modestes manuels pour faciliter l’entente, au sujet des corrections entre les auteurs, les libraires et les imprimeurs.

« Malheureusement ces velléités d’uniformiser la composition typographique ont été trop souvent, après un laps de temps plus ou moins long, vouées à un échec certain. Un obstacle dont l’importance n’est point discutable s’oppose à leur réalisation : ces velléités reposent exclusivement sur la bonne volonté, sur le dévouement, sur l’initiative d’un seul : toutes choses qui parfois ne comptent guère. Que celui-ci se fatigue, qu’il cesse un instant sa propagande, qu’il disparaisse, et peu à peu tombe en désuétude, puis dans un oubli complet, une mesure digne pourtant de vivre. Le maître imprimeur, qui a d’autres pensées en tête, n’y songe plus depuis longues journées ; le prote, contre lequel il a peut-être fallu lutter, se soucie des prescriptions du vade-mecum comme de rien qui vaille ; les correcteurs collègues de l’auteur, qui à tort ont redouté un moment d’être éclipsés, prennent l’honnête revanche du silence et de l’oubli.

« Il est alors facile aux malintentionnés de prouver que la recherche de l’uniformité est une chimère, une utopie : « Ainsi tous les travaux sortant d’une Maison seraient coulés suivant un moule commun, reproduiraient de façon analogue les expressions numérales courantes, se plieraient aux mêmes lois orthographiques et typographiques. » Y peut-on songer ? »