Aller au contenu

Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et la laisse sécher : quand elle est sèche, il la plie et la coupe ; alors il fait venir un lecteur qui est ordinairement un apprenti, qui lit la copie, pendant que le prote la suit attentivement mot à mot sur l’épreuve[1]. »

Sur ce même sujet Bertrand-Quinquet s’exprimait ainsi : « Pour lire une première épreuve, il faut que cette opération se fasse à deux, et dans un local tranquille. L’un tient la copie, l’autre l’épreuve, et celui-ci lit tout haut. Ce dernier marque à mesure les fautes qu’il rencontre sur la marge de l’épreuve, et se sert à cet effet de signes usités dans l’imprimerie, et qui lui sont particuliers[2]. »

III. Le teneur de copie doit lire lui-même : c’est le plus sûr moyen de ne pas laisser passer de bourdon. Toutefois, pour procurer au teneur un peu de repos, le correcteur peut de temps à autre lire sur l’épreuve ; mais il doit s’assurer par intervalles, soit en sautant un membre de phrase, soit en changeant un mot, que le teneur « suit » très exactement. La lecture par le correcteur présente en effet un grave inconvénient : le cas est certes très fréquent où le teneur de copie est en retard sur le manuscrit, « n’y est plus », suivant l’expression consacrée, et laisse passer nombre d’à peu près qui sont autant d’incorrections.

En pratique, la lecture avec teneur de copie est bien faite, présente le maximum de garanties, lorsque la copie est une réimpression, ou lorsque le manuscrit est très clair et bien écrit. Mais il est plutôt rare de rencontrer des auteurs dont la calligraphie égale celle qui valut à Pétrarque l’honneur de donner naissance à l’un de nos caractères les plus employés. Aussi est-il nécessaire d’exiger au moins du teneur de copie quelques qualités matérielles et morales élémentaires :

a) Il est indispensable que le teneur puisse déchiffrer très rapidement le texte ; s’il en était autrement, la lecture n’avancerait guère, le correcteur devant se reporter à chaque instant au manuscrit pour trancher les hésitations du lecteur ;

b) Il faut, en outre, que le teneur ne soit ni un étourdi, ni un rêveur ; son attention — la première et la principale des qualités qu’il doive posséder — doit être constamment en éveil ;

  1. Diderot et d’Alembert, Encyclopédie (art. Imprimerie).
  2. Traité de l’Imprimerie, p. 110.