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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/421

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treindre à suivre aussi soigneusement que possible le manuscrit qui lui est remis et surtout les règles rigoureuses d’une bonne et saine ponctuation. Le correcteur, de son côté, et là peut-être est pour beaucoup l’écueil le plus dangereux, devra éliminer ce genre de ponctuation asthmatique et anhélant, que l’on a surnommé, en raison de sa multiplication, bacille virgule[1]. »

Ainsi rien dans le mécanisme de la correction en premières n’a été modifié par l’emploi de la machine à composer. Les signes ont conservé leur aspect et leur signification particulière ; et non seulement les raisons, mais encore les conditions de leur emploi sont restées les mêmes.

Toutefois, exceptionnellement, dans un but de clarté fort compréhensible, lorsque dans une ligne un mot est erroné, il est préférable de recopier entièrement, en marge, le mot fautif, au lieu d’en indiquer successivement toutes les lettres à modifier, comme pour la composition manuelle. « L’opérateur, en effet, n’a nullement à s’inquiéter de la correction en elle-même » : il doit recomposer ; l’essentiel est donc de lui simplifier sa tâche par une lecture plus facile, conséquemment plus rapide, du mot sur lequel il devra porter son attention de manière particulière.

Il est un point, cependant, qui demande plus de soins et d’attention dans la composition en lignes-blocs que dans la composition manuelle : c’est la revision des corrections, qu’elle soit exécutée par le correcteur en premières ou par un reviseur spécial.

« Toute correction, si minime soit-elle, exige la recomposition de la ligne », répétons-le. L’opérateur pourra exécuter convenablement la correction indiquée ; mais par inadvertance, en recomposant, il lui arrivera de faire une coquille dans un mot dont la composition était correcte la première fois. « Le correcteur doit donc avoir soin de collationner entièrement et contre copie toutes les lignes qui ont supporté une correction quelle qu’elle soit. Faute de ce soin, il s’exposerait à de fréquents ennuis et à laisser passer des absurdités dont un auteur non prévenu et sûr de son texte ne saurait s’expliquer la provenance. »

  1. D. Greffier, Annuaire de l’Imprimerie, 1903 (A. Muller, édit., Paris).