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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/435

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parmi les ouvriers typographes de l’Établissement. Lorsqu’une vacance se produit, le poste est donné au plus ancien des lecteurs de cette catégorie qui en font la demande ; à défaut de candidatures, le Directeur y affecte d’office, pour une période minimum de deux ans, le moins ancien. »

« À défaut de candidatures, le Directeur y affecte d’office… » Est-ce un honneur ? Est-ce une mesure disciplinaire ? — Le voilà bien « le premier venu », auquel contre son gré, malgré ses préférences, on impose des fonctions pour lesquelles il n’éprouvera que du dégoût et qu’il ne remplira qu’à moitié.

Étrange erreur !

Non moins étrange, en vérité, cette affirmation d’un auteur qui n’a pas craint d’écrire que « l’emploi de tierceur était plutôt l’apanage d’un typo fatigué, réduit à prendre ses invalides ».

Si le parfait correcteur a toujours été considéré comme un oiseau très rare, il n’est pas moins vrai que les bons tierceurs ont de tous temps été soigneusement recherchés et conservés par toutes les Maisons que le souci de leur réputation tient sans cesse en éveil.

Le fait que la tierce est la dernière revision, l’ultime épreuve soumise au contrôle du correcteur, suffirait à lui seul à justifier l’importance qu’on lui accorde et les qualités particulières que l’on exige de l’homme auquel ce travail est confié, et qui ne saurait être ni un retraité invalide ni le premier venu.

Ce qui est indispensable au tierceur ne saurait, d’ailleurs, s’acquérir sans une pratique assez longue :

Connaissance aussi complète que possible de toutes les choses professionnelles, même et surtout de celles qu’un correcteur émérite de premières ou de secondes n’est point tenu de savoir, pour les formats, les blancs, le registre, la pliure, etc. ;

Diligence, parce que le retard le plus minime dans la remise des corrections aux presses peut occasionner, par une livraison tardive, de graves préjudices au patron ou au client ;

Attention, parce que le tierceur, d’un coup d’œil exercé, doit relever la faute, la coquille échappées à l’œil cependant attentif et intéressé de l’auteur et du correcteur en bon ;