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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/447

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à cette situation. D’autres fois, un étudiant frais émoulu du collège, un bachelier ès lettres s’exerce à prouver la nullité de ses connaissances typographiques en surchargeant outrageusement de ratures maladroites une composition dont le manuscrit est pour lui indéchiffrable. Enfin — et c’est là un exemple fréquent — un typographe chargé d’ans et de mérites, la vue fatiguée, les doigts hésitants, ânonne dans le coin le plus sombre de l’atelier les phrases d’une copie dont il vérifie mot par mot la reproduction typographique : compositeur, imposeur, metteur en pages, il a gravi lentement, péniblement, les étapes d’une longue carrière dont lui seul connaît « les mérites éminents » ; le hasard des circonstances, faveur inespérée, lui a permis d’atteindre à cette situation de tout repos.

Certains crieront à l’exagération, au parti pris ; à défaut d’arguments sérieux, il est facile, par ces mots vides de sens, de réfuter une critique de choses vues et vécues ; d’autres estimeront qu’il n’est que juste de dénoncer des habitudes particulièrement blâmables.



§ 2. — LA CORRECTION


I. — Le journal est un labeur de genre particulier.


Qu’on le veuille ou non, le correcteur quel qu’il soit doit être érudit et typographe, on ne saurait l’oublier, pour la correction des journaux aussi bien que pour la correction de n’importe quel travail.

Sans doute, parfois, dans le texte des journaux, le compositeur sacrifie certaines règles typographiques à la rapidité de composition, la plus urgente de toutes les règles ; mais il n’en est pas moins vrai que dans tous les quotidiens une sorte d’uniformité est de rigueur