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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/470

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Didot qui, de 1797 à 1800, publiait « ces éditions in-folio de Virgile, d’Horace et de Racine » que l’on proclama « le chef-d’œuvre de la typographie de tous les temps et de tous les âges[1] », et dont, au dire de Bertrand-Quinquet, « la correction est telle qu’il est impossible d’y trouver d’autre faute qu’un j sans point dessus[2] ».

Il semble, d’ailleurs, que de tous temps respecter, encourager, honorer le correcteur ait été une tradition dans la famille Didot. On nous permettra de donner ici une preuve manifeste de ces sentiments : Le 19 avril 1868, la Société des Correcteurs des Imprimeries de Paris[3] se réunissait, en assemblée générale, sous la présidence de M. Ambroise Firmin-Didot, président honoraire. Le compte rendu succinct publié par le journal l’Imprimerie s’exprime ainsi : « Sont élus membres honoraires Auguste Bernard ; Philarète Chasles, professeur au Collège de France ; Dufau, correcteur à l’Imprimerie Impériale ; et Thunot, maître imprimeur.

« M. Ambroise Firmin-Didot, président honoraire, après une dissertation savante pleine d’aperçus ingénieux et neufs sur les origines de notre langue et la nécessité d’en réformer l’orthographe, se plaint, avec une modération parfaite, de l’importance exagérée que l’on donne de nos jours à l’impression et du dédain que l’on semble affecter pour la correction, cette partie si essentielle du livre. M. Didot rend hommage aux belles impressions de nos éminents maîtres imprimeurs

  1. J. Radiguer.
  2. Bertrand-Quinquet, Traité de l’Imprimerie (dédié à Pierre Didot, citoyen français, « premier imprimeur de l’Europe »), p. 15-16.
  3. La Société des Correcteurs des Imprimeries de Paris, fondée en 1865 et approuvée par arrêté ministériel du 26 juillet 1866, avait pour but :
    xxxx 1o D’établir des liens de fraternité entre les correcteurs d’imprimerie au moyen de rapports plus fréquents et d’échange de bons offices ;
    xxxx 2o De faciliter le placement des sociétaires sans travail, et, après eux, des autres membres de la corporation ;
    xxxx 3o De créer une caisse de secours destinée à payer une indemnité journalière aux sociétaires atteints de maladie ou d’infirmités temporaires ;
    xxxx 4o De venir en aide à la veuve ou aux enfants du sociétaire décédé.
    xxxx Se réclamant exclusivement, on le voit, de la mutualité et n’ayant point en vue, ostensiblement tout au moins, la défense des intérêts corporatifs (il était indispensable de ne point effaroucher les susceptibilités du Pouvoir, qui n’admettait pas encore les coalitions), la Société des Correcteurs n’avait pas cru devoir élaborer un tarif. D’ailleurs, bien que les correcteurs des imprimeries de banlieue aient pu se faire inscrire parmi les adhérents, le nombre des membres de la Société, en 1869, s’élevait à peine, d’après Boutmy, au tiers des correcteurs travaillant dans les ateliers de Paris et de la Banlieue. — L’indifférence des correcteurs pour les sociétés professionnelles, même mutualistes, ne date point d’aujourd’hui, on le voit.