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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/532

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En 1777, à la suite de l’arrêt du Conseil, du 30 août, qui modifia la durée du travail, les compagnons parurent devoir demander une augmentation de salaires. Il n’en fut rien cependant ; les intéressés redoutèrent sans doute de se heurter à l’indifférence du Pouvoir royal qui les renverrait à se pourvoir devant les maîtres pour le règlement de cette question. Ils devaient, d’ailleurs, obtenir satisfaction en 1786, année au cours de laquelle se produisit, d’après M. Radiguer, une augmentation générale des salaires dans l’imprimerie.

Nous ne nous arrêterons pas à l’étude de la situation créée alors, car, moins de trois années après, les événements politiques devaient bouleverser entièrement l’édifice si péniblement élevé et plus difficilement maintenu dans notre corporation par l’ancien régime. Dès le 4 août 1789, date de l’abolition des privilèges, toutes « les prescriptions et toutes les règles relatives à la police des livres, à la réglementation des imprimeries tombèrent en désuétude ; puis, le décret du 2-17 mars 1791 abolissant les maîtrises et les jurandes, l’exercice du métier d’imprimeur devint libre ».

« La multiplication rapide des ateliers amena une hausse des salaires. Les anciens maîtres essayèrent de lutter ; mais la Chambre syndicale, ce lien qui les réunissait tous auparavant, et qui leur permettait d’exécuter les arrêts pris entre eux, n’était plus, en 1790, reconnue que par 36 patrons sur les 200 alors en exercice : elle était sans influence. Les imprimeurs furent dans l’obligation de subir les conditions qui leur étaient imposées. » D’ailleurs, la mains-d’œuvre faisait défaut ; la situation économique était difficile, et les événements politiques ne laissaient pas que d’inquiéter les esprits les moins prévenus parmi les patrons.

Les salaires augmentèrent dans des proportions assez élevées : en 1790, le prix de la journée d’un ouvrier typographe en conscience atteignait 5 livres ; en 1793, il était de 7 livres 10 sols ; en 1794, de 8 livres. Mais, en 1797, la tempête politique, dans laquelle la France a failli sombrer est apaisée : les salaires sont l’objet d’une diminution assez appréciable : ils s’abaissent progressivement au chiffre de 4 livres[1], taux normal d’avant 1790, et y demeurent stationnaires[2].

  1. D’après le Barème typographique de Couret de Villeneuve.
  2. L. Radiguer.