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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/573

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Transmis au Président de l’Union des Maîtres Imprimeurs, ce Rapport ne fut l’objet d’aucun examen, d’aucune discussion particulière au cours de l’année 1910, si nous en croyons les apparences, c’est-à-dire si nous nous en rapportons aux procès-verbaux des séances du Comité central de l’Union des Maîtres Imprimeurs.

Quelques mois avant le Congrès tenu à Tours en l’année 1911, le Bureau de la Société amicale des Protes et Correcteurs rappelait à l’Union des Maîtres Imprimeurs le Rapport qui lui avait été transmis. Le 2 juin, M. Leydier, directeur de l’Office central de l’Union, répondait à cette démarche :

« Vous avez bien voulu m’écrire, au nom de la Société amicale des

    Maisons on improvise correcteurs d’anciens typos relégués du rang par l’âge, ou bien un Monsieur quelconque en quête d’une situation, n’ayant jamais vu une imprimerie. Dans l’un comme dans l’autre cas, il n’y a pas lieu de récriminer si des gaffes sont commises, car ni l’un ni l’autre de ces correcteurs improvisés n’a les aptitudes nécessaires, et ce que vous pourrez les payer, nous en convenons avec vous, ce sera encore trop cher. Vous seriez mal venus à leur infliger des réprimandes, puisqu’ils auront fait tout ce qu’ils peuvent, mais qu’ils ne sont pas payés pour faire tout ce qu’ils doivent à leur profession.
    xxxx « Donc, si vous exigez de votre correcteur des capacités, il est en droit d’exiger de vous une rémunération en rapport avec ses aptitudes, et soyez certains qu’en agissant ainsi vous aurez de bons correcteurs, et vous ne le regretterez pas. « Ce que nous solliciterions à cet égard, ce serait simplement que le correcteur fût payé au mois, qu’il fût considéré non comme un ouvrier, mais comme un employé. Mais encore, quel tarif faudrait-il appliquer au correcteur ? Il nous semble qu’une règle générale pourrait être adoptée, et que le point de départ de leurs appointements serait, dans chaque ville, le prix minimum du tarif local des compositeurs augmenté de 25 0/0. Exemple : Un compositeur gagne 6 francs (tarif minimum) ; le correcteur gagnerait : 6 francs + 25 0/0 = 7 fr. 50 par jour ou 200 francs par mois. Dans une autre ville, un compositeur gagne 5 francs ; le correcteur gagnerait : 5 francs + 25 0/0 = 6 fr. 25, ou 170 francs par mois. Selon ses aptitudes et les travaux exécutés, les maîtres imprimeurs pourraient augmenter ces prix.
    xxxx « Si nous demandons que les correcteurs soient payés au mois, il y a plusieurs raisons pour cela ; mais celles qui prédominent sont celles-ci : 1° Considérés comme employés, ils acquièrent dans la maison un prestige nécessaire à leur position ; 2° si l’atelier chôme un jour de fête, et que la journée de travail soit réellement perdue en ce qui concerne l’ouvrier qui ne produit rien ce jour-là, il n’en est pas de même du correcteur, qui doit quand même assurer le service et qui se verra obligé à un surcroît de travail les autres jours pour que les travaux de la Maison ne subissent aucun retard ; 3° si les compositeurs veillent, il ne veillera pas et se trouvera surmené pour sa lecture ; 4° si une maladie de deux ou trois jours survient, il se trouve dans le même cas ; à la journée il ne sera pas payé, et il sera quand même obligé de mettre à jour son travail, quelquefois en l’emportant chez lui pour le faire à la veillée ; au mois, il fera ce travail, mais aura la juste rémunération de sa peine, puisqu’il aura été payé pendant un ou deux jours où il n’aura pas eu de présence effective à l’imprimerie. »