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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/579

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En 1867, le 17 septembre, au cours de l’Assemblée générale de la Société des Correcteurs de Londres, l’un des membres, M. Forrest, « réclame contre les odieux cachots qui sont assignés aux correcteurs pour cabinets et donne lecture d’un mémoire qu’il a rédigé à cet effet sur ce sujet… »

Cette même année, M. Bernier, président de la Société des Correcteurs de Paris, disait[1] : « Si la Société des Correcteurs de Paris était mise à même de discuter les questions soulevées dans le meeting anglais du 17 septembre, elle aurait assurément à signaler les mêmes misères, à émettre les mêmes vœux, mais… elle ne saurait faire ni plus ni moins que sa sœur aînée de Londres. »

À dix années de distance, malgré les protestations, la situation n’a point changé. À ce point de vue, le portrait que la Typologie Tucker[2] trace de la situation du correcteur semble plutôt assombri : « Courbé sur son pupitre du matin au soir, souvent du soir au matin, relégué dans un coin la plupart du temps obscur et malsain, gelé pendant l’hiver, étuvé pendant l’été, ou pendant les veillées par la chaleur du gaz qui lui dessèche les poumons et le cerveau,… le correcteur est l’homme au monde le plus vilipendé par son entourage… »

De nos jours encore cette description n’est, hélas ! que la peinture trop exacte d’une situation à laquelle l’humanité et l’hygiène conseillent pourtant de porter remède[3], mais que, par esprit de routine, les maîtres imprimeurs conserveront jusqu’au moment où — il faut peut-être l’espérer, sans oser y croire — les intéressés feront appel aux… inspecteurs du travail.

  1. L’Imprimerie, no 45, p. 533.
  2. Typologie Tucker, 15 mars 1878.
  3. En 1921, M. Victor Delhez écrivait : « L’hygiène est trop souvent négligée dans les ateliers d’imprimerie, ou y est même tout à fait inexistante. Les imprimeurs improvisent des ateliers dans les premiers locaux venus sans, la plupart du temps, s’inquiéter si ces locaux répondent plus ou moins à leur future destination. Il en résulte que, dans la plupart des ateliers d’imprimerie, relégués dans des arrière-cours, la lumière est trop souvent défectueuse, d’où difficulté pour le travail et fatigue exagérée pour les yeux. La ventilation y est trop rudimentaire ; il conviendrait cependant de pouvoir éliminer des odeurs pernicieuses sans devoir ouvrir les fenêtres pendant le travail et placer toujours l’une ou l’autre partie du personnel dans un courant d’air désagréable… » ; il serait indispensable également de veiller « à ce que soit respecté le cubage d’air nécessaire, cubage établi d’ailleurs par la loi. » (Annuaire de l’Imprimerie, 1922, p. 399 : d’après le Rapport de M. Victor Delhez, publié par la Fédération typographique belge et présenté à l’Association libre des Typographes de Bruxelles ; A. Muller, édit., Paris.)