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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/84

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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

on peut citer d’eux quelques excellentes impressions, entre autres le Pétrarque et le Dante, sans date, le Suétone et le César de 1508, dont l’exécution est supérieure, et de beaucoup, aux meilleures éditions aldines[1]. »

Cette courte digression terminée, rappelons rapidement les mérites littéraires de quelques autres correcteurs qui, au xvie siècle, contribuèrent si vivement à la réputation de la typographie lyonnaise.

L’un des meilleurs amis et des confidents de Josse Bade, à Lyon, fut Hervé Bésine, « libraire, imprimeur, correcteur d’imprimerie et jurisconsulte ». D’après M. Baudrier[2], « en 1493, Hervé Bésine, correcteur de livres, tient à louage au prix de 10 livres tournois par an partie d’une maison en rue Bourgneuf, appartenant à Jean Thibaud, docteur en médecine ». Dans ce logis habitait aussi Jean Syber, maître imprimeur, dont Bésine était, suppose-t-on, le correcteur. D’une érudition remarquable, jurisconsulte réputé, Hervé Bésine est maintes fois cité par ses contemporains et ses collègues qui lui dédient nombre de leurs productions littéraires. Ce correcteur s’établit, vers 1479, d’abord rue de Bourgneuf, puis, à l’exemple des autres imprimeurs et libraires lyonnais, ses collègues, en la rue Mercière en 1494 ; il décéda en 1506.

Antoine de Gouvea, né à Béjà (Portugal), vers 1505, est connu aussi sous le nom de Gouveau. Après avoir fait ses études à Paris et à Avignon, il s’adonna à la littérature, puis professa le droit à Toulouse, à Cahors, à Valence, à Grenoble, à Lyon. Pendant son séjour en cette dernière ville, il fut un des familiers de Sébastien Gryphius, logea chez lui et participa à la correction de plusieurs publications. Lui-même, en 1540, faisait paraître chez cet imprimeur un travail dont il était l’auteur : Antonii Goveani epigrammata, Ejusdem epistolæ quatuor. Antoine de Gouvea était lié d’une amitié toute particulière avec Émile Ferret, professeur de droit à Avignon ; il était en même temps en relations avec les lettrés de son temps auxquels il adressa ou dont il reçut de nombreuses pièces de vers latins et plusieurs épîtres intéressantes pour l’histoire de sa vie. Sur la fin de sa carrière, de Gouvea se retira

  1. Bibliographie lyonnaise, 7e série, p. 2-3.
  2. Ibid., 10e série, p. 172.