Aller au contenu

Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

tion de Martial qui lui vaut les félicitations de Nicolas Bourbon, lequel lui adresse à ce sujet deux pièces de vers fort élogieuses[1]. Secrétaire du Parisien François Lombard, le lieutenant du Roi en Bugey, doté en cette circonstance d’un traitement fort honorable « dont il n’avait point lieu de se plaindre » (stipendiis haud quaquam pœnitendis), Ducher resta à Belley, avec son maître, pendant près de dix-huit mois. En cette ville existait alors une société de lettrés fort instruits dont Ducher, pendant son séjour, goûta vivement le charme et les qualités. Notre correcteur-secrétaire était encore très lié avec Jean Renier (Rænerius), originaire d’Angers, auteur de l’Oraison doctorale publiée en 1532, à Lyon, chez Trechsell, où sans doute il était correcteur. Ducher dédia à Jean Renier de nombreuses pièces de vers ; dans l’une il le remercie de l’avoir mis en relations avec Claude Bigotier, de Bresse, et Claude Roux, de Trévoux, deux érudits fort remarquables. Professeur au Collège de la Trinité à Lyon, Ducher fut, en même temps, correcteur à l’imprimerie de Sébastien Gryphius, chez lequel il fit paraître, en 1538, Gilberli Ducherii Vultonis Aquapersani Epigrammaton libri duo[2].

Sur la chaude recommandation de son ami Jean de Boysson, Sébastien Gryphius accueillit avec sa bienveillance habituelle Étienne Dolet. Né à Orléans en 1509, Étienne Dolet se rendait à Paris vers sa douzième année, pour y continuer ses études ; puis, après un long voyage en Italie, il revenait étudier le droit à Toulouse. Doué d’un caractère agressif, aussi violent dans ses ripostes qu’il était prompt à la critique, adepte des idées nouvelles, il dut s’enfuir de Toulouse, à cause de ses attaques contre le Parlement et le « fanatisme » des étudiants ; il se réfugia à Lyon, où, nous l’avons déjà dit, les doctrines de Luther et de Calvin avaient rencontré un accueil favorable. Dès son arrivée en cette ville, il faisait imprimer chez Gryphius, qui toutefois refusait d’imposer sur ces éditions et son nom et sa marque, Orationes duæ in Tholosam habitæ, violente diatribe contre Toulouse et les Toulousains que l’imprimeur ne voulut pas réimprimer dans la suite. Étienne Dolet, que ses œuvres placent au premier rang des humanistes de la Renaissance, à côté de Robert Estienne et de Guillaume Budé,

  1. Nugaram libri octo, p. 364-365.
  2. Bibliographie lyonnaise, 8e série, p. 114.