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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/1003

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CHAPITRE XXXIV

PONCTUATION



On attribue l’invention de la ponctuation à Aristophane de Byzance, grammairien qui vivait à peu près deux cents ans avant Jésus-Christ.
xxxx Le système d’Aristophane fut enseigné par les rhéteurs dans les écoles de l’antiquité, mais son usage ne se répandit point, ou tout au moins fort peu, dans la pratique. Aussi bon nombre de manuscrits anciens ne portent aucune trace de ponctuation ; le sens seul divisait le discours.
xxxx D’ailleurs les grammairiens grecs mettaient un point en haut là à peu près où nous mettons le point et virgule et le deux-points ; ils réservaient le point et virgule pour marquer l’interrogation.
xxxx Les Romains, eux, empruntèrent aux Grecs leurs signes de ponctuation, mais ils y apportèrent quelques modifications. C’est ainsi qu’ils employèrent le point et virgule avec le sens dans lequel nous l’utilisons de nos jours ; et, mettant une virgule au-dessus d’un point (!), ils créèrent un nouveau signe pour marquer l’interrogation.
xxxx D’après Larousse[1], « c’est seulement à partir du viie siècle de notre ère que la séparation des mots est assez fréquente, et à partir du ixe que la ponctuation est employée » dans les manuscrits, mais cependant encore d’une manière fort irrégulière. « À cette même date, d’ailleurs, la virgule est figurée par une barre, et le deux-points prend sa forme actuelle. Le signe CI marque le commencement d’un paragraphe. »
xxxx « Dans sa grammaire, qui fut suivie en Europe jusqu’à l’invention de l’imprimerie, Donat avait adopté comme virgule un point bas ; un point au milieu faisait office de deux-points ; et un point haut terminait la phrase. »
xxxx « Au xiiie siècle, on rencontre toutefois encore nombre de manuscrits sans ponctuation. Vers la fin du xve siècle, après une période d’incohérence qui concorde avec l’invention de l’imprimerie, Alde réussit enfin à faire adopter une méthode à peu près régulière. »
xxxx Au xvie siècle, la ponctuation est pleinement entrée en usage ; mais, jusqu’au xixe siècle, les règles en demeurent fort instables.

  1. Voir l’article intéressant consacré par Larousse à l’historique de la ponctuation (Grand Dictionnaire universel Au XIXe siècle, t. XII, 1874, p. 1386 et suiv.).