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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/121

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groupe de quelques lettres qu’il saisit et transporte de la galée au composteur : à deux, trois reprises, il lui est possible, suivant leur longueur et la force du corps, de reprendre des lignes entières.

2° Cette façon de saisir la lettre dans la galée pour un remaniement à l’aide du composteur est fort pratique et permet une exécution assez rapide du travail ; toutefois, elle n’est pas la seule manière conseillée et employée, surtout pour les petits caractères, avec lesquels des précautions doivent être prises, en raison d’une rupture ou d’une brisure plus facile des mots manipulés. Les manuels typographiques donnent la méthode suivante : trois doigts, l’index, le médius et l’annulaire, sont appuyés du côté du cran, et bien à plat, sur les lettres, le pouce maintenant le côté opposé ; l’annulaire déborde légèrement au delà des mots à saisir et se pose presque latéralement sur la dernière lettre ; en raison de la disposition des doigts, la torsion du poignet a lieu de gauche à droite. Le compositeur, dans ces conditions, prend au plus, comme longueur de lettres, les mots couverts par les trois doigts. Bien qu’elle soit moins pratique et moins rapide que la précédente, cette manière de faire est cependant à adopter dans quelques circonstances.

3° Dans quelques maisons importantes, les corrigeurs ont la coutume d’effectuer sur le marbre les corrections des placards, des épreuves en pages et des bons à tirer, même lorsqu’il n’y a pas eu imposition. À cet effet, le typographe utilise une, galée de forme un peu spéciale, dite galée à pied[1], présentant l’inclinaison voulue pour maintenir la composition à rectifier dans une position analogue à celle qu’elle présenterait avec une galée posée sur la casse. Le compositeur muni du bon à tirer lève dans un composteur en bois spécial les lettres, les caractères dont il aura besoin, en suivant rigoureusement l’ordre dans lequel les corrections sont indiquées sur les épreuves qui lui sont confiées ; puis, suivant les labeurs à corriger et l’emplacement où ils ont été déposés, il se rend avec sa galée au marbre le plus rapproché : on évite ainsi les longs transports et les déplacements, parfois onéreux, de compositions qui souvent exigent des précautions spéciales. Au fur et à mesure que les rectifications sont

  1. Toutefois, à l’encontre de ce que nous pensons, un auteur typographique écrit : « Il y a peu de maisons où l’on rencontre, des galées montées pour corriger au marbre ; du reste, ces petits meubles ne laissant pas que d’être encombrants, surtout quand la besogne est terminée, il s’ensuit qu’ils jouissent d’une faveur relative. Ce discrédit s’explique par la facilité avec laquelle on peut remplacer la galée montée par la galée ordinaire, sous laquelle on n’a qu’à mettre un taquoir, un lingot ou un vieux cliché. Les corrigeurs habiles ne sont jamais embarrassés pour établir très commodément sur le marbre une sorte de campement au milieu duquel ils sont tout aussi à l’aise pour opérer leurs remaniements, qu’ils pourraient l’être sur une casse. »