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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/812

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figurées sur plusieurs lignes en nombre ordinairement inégal, afin que les parties correspondantes ne présentent à l’œil qu’un seul tout[1]… »

D’après Fertel, l’accolade s’appelle « crochet, en terme d’imprimerie, et se dit encore de certains traits ou lignes tantôt droites, tantôt faites en S, et recourbées par le bout, qui servent, à lier et accoler quelques articles qu’il faut lire ensemble, avant que d’aller à des subdivisions qui se mettent à côté avec de semblables ou moindres crochets dont voici leur figure . On s’en sert dans les généalogies… » — Le signe accolade et le signe crochet paraissent ainsi avoir été, au temps de Fertel, désignés du même nom.

Cependant, Frey fait la remarque suivante : « Fournier jeune[2] nomme accolades seulement celles qui de son temps étaient composées d’abord de trois parties séparées, le centre et les extrémités, puis d’autant de parties intermédiaires nécessaires au prolongement à volonté de l’accolade, morceaux qui se joignaient, s’accolaient, d’où il a fait accolade ; mais il appelle crochets les petites accolades fondues d’une seule pièce. Cette dérivation est erronée, car le Dictionnaire de l’Académie de 1740, publié vingt-deux ans avant l’apparition de ce traité, dit : « On appelle accolade, dans un compte, un trait de plume qui joint plusieurs articles pour n’en faire qu’un[3]. ».

Les accolades sont fondues sur des forces de corps différentes suivant leur longueur et leur œil : elles comportent, au milieu, un angle ou nez saillant ; à leurs extrémités, des tournants accentués ou allongés ; entre leur centre et leur terminaison, des pleins ou gras prononcés qui obligent à augmenter de plusieurs points l’épaisseur :

D’ailleurs, pour répondre aux nécessités de la composition qui conduisent parfois à parangonner blancs et filets avec les accolades, il est indispensable de posséder celles-ci sur des forces de corps assez nombreuses : 2 points, 3 points, 6 points, 9 points, 1 cicéro ; quant à la longueur, elle varie de 2 points en 2 points.
xxxx À partir de 25 à 30 cicéros, pour obvier à certaines difficultés de fonderie, les accolades sont, fondues en deux parties séparées ; même, pour de très grandes longueurs, on fond seulement l’angle (le nez) et les tournants ; pour réunir ces fractions indépendantes, le compositeur utilise des filets d’œil convenable : ces accolades sont dites brisées. On employait autrefois, sous ce même nom, des accolades à branches inégales, destinées à enserrer l’ensemble d’un texte comprenant deux parties d’inégales étendues.
xxxx Mais certains compositeurs, avec beaucoup d’habileté, façonnent eux-mêmes, d’un seul morceau, les accolades de grandes dimensions dont ils ont

  1. Nouveau Manuel complet de Typographie, p. 11, éd. 1857. — Il faut cependant remarquer que, si, au point de vue typographique, un rapprochement peut être fait entre la parenthèse et l’accolade, il n’en est pas de même au point de vue littéraire.
  2. Manuel typographique, t. I, p. 173.
  3. Nouveau Manuel complet de Typographie, par A. Frey, revu par E. Bouchez, p. 10.