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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/96

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la mémoire le permet ; chaque mot, durant la composition, est épelé mentalement, afin d’éviter l’omission de quelque lettre que ce soit. Au moment où s’achève le dernier terme de la phrase lue, l’ouvrier « du premier coup d’œil reprend sur le manuscrit l’endroit précis » où il s’est précédemment arrêté. Ni l’œil ni la mémoire ne doivent dans ces circonstances se trouver pris au dépourvu ; au cas contraire, alors qu’il a voulu gagner quelques secondes, le compositeur les perd en relisant une deuxième fois le même passage ou en recherchant laborieusement la reprise sur le plomb et sur la copie.

e) Au fur et à mesure que chacun des mots de la copie est composé, le typographe les fait suivre d’une espace, qui les sépare les uns des autres, et qui produira à l’impression entre chaque terme de la ligne le blanc nécessaire à la lecture. En principe, cette espace doit être égale au tiers de la force de corps du caractère employé ; en pratique, il en va parfois différemment, en raison des règles typographiques auxquelles il est nécessaire de se conformer ; on s’efforcera cependant de tenir toujours le blanc de séparation très près de cette mesure.

Une composition est dite bien espacée, lorsque dans une ligne donnée tous les blancs sont, en théorie, rigoureusement égaux, et que l’espacement des lignes voisines est aussi semblable que possible à celui de cette ligne.

Toutefois, en pratique, cette règle subit des exceptions nombreuses : après une ponctuation (virgule ou point), qui comporte naturellement à son extrémité supérieure un blanc, l’espacement peut être légèrement différent de celui utilisé entre chaque mot ; de même, après quelques lettres, surtout grandes capitales, dont les formes, rondes, creuses ou anguleuses donnent à l’œil l’impression d’un léger blanc.

f) Lorsqu’une ligne est sur le point d’être terminée, un compositeur soucieux de parfaire son travail doit s’imposer l’obligation de relire cette ligne, avant de la compléter à l’aide de l’espace justifiante ; il s’assure ainsi qu’aucune faute — coquille, doublon ou bourdon — ne s’y est glissée.

Par un simple mouvement du poignet, ramenant la main gauche vers le corps on place le composteur dans une position horizontale qui facilite la lecture. « Si la ligne contient des coquilles (lettres employées pour d’autres), on prend, dit Th. Lefevre, la lettre de remplacement entre le pouce droit et l’index ; et avec le pied de cette lettre on soulève par-dessous la lettre qui doit être remplacée, de façon que le pouce gauche puisse la soutenir en appuyant légèrement sur son plat, jusqu’à ce que, la lettre de remplacement ayant été suffisamment engagée, la lettre fautive soit saisie par la main droite pour être remise en place dans la