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Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/104

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comme il disait, la danse turque avec le squelette. Les yeux languissants et avec des mouvements de croupe qui nous firent pouffer, il désarticulait le squelette. Lorsque les os claquèrent comme des castagnettes, les adolescents cessèrent de rire. Pour moi, je savais que pour plaire à Jules, il fallait rire, et je m’efforçais tant bien que mal. Les voix éclataient : « Langlais, assez, assez ! » Il continuait, pris par son jeu. Lorsque le Père arriva, il n’en termina pas moins son tour de valse. Enfin, il adossa le squelette au mur, essayant de le tenir en équilibre. Le Père fixait Langlais d’un regard sérieux :

— Langlais, allez porter ça où vous l’avez trouvé. Et vous savez que je pourrais vous renvoyer du collège ?

Ce grand garçon à col blanc ne paraissait pas le moins du monde ému, et il y avait même un sourire sur sa face, couverte déjà d’un brun duvet.

Les études se poursuivirent, la rhétorique, la philosophie, et enfin l’université, et Jules Langlais nous quitta alors, pour un long séjour d’Europe. À son retour, il hérita de la firme paternelle. Il trônait en bras de chemise, ses