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Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/109

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avoir une de ces vieilleries dans mon bureau. Ce fera plus digne.

Dufresne sourit avec obséquiosité, croyant à une blague.

— Je suis sérieux. Je t’achète ton grand-père le prix que tu voudras. Mille piastres, si tu veux, un chèque tout de suite… Trop de bonne heure pour le faire accepter, mais il est bon.

Je m’attendais à une scène. Mais il n’y avait pas une paire d’yeux qui ne pétillât. Langlais jouait à coup sûr : les pauvres aiment l’argent.

Déjà il avait enlevé ses escarpins : il était le seul en habit, bien entendu. Il se hissa sur le piano. Il tenait le portrait à bras le corps.

— Il est beau, ton grand-père, on l’embrasserait.

Il baisait la peinture avec des lèvres goulues et bruyantes. On remarquait la tache pâle que faisait l’absence du tableau « à sa place ordinaire ».


— Je le mets avec mes effets… Pas besoin de papier, je le fourrai dans le fond de mon char.