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Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/114

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« restaurant » qui n’eût ses vingt copies du Combat : deux grandes pages de politique, que Martine rédigeait elle-même, une page féminine, qu’elle rapaillait dans ses cahiers de jeune fille et de commise. À la dernière page, un roman-fleuve, que Martine signait d’un pseudo.

Ludovic Brossard, un gros garçon qui avait été reporter, étudiant en droit, agent d’assurance et vaguement fonctionnaire, deux mois après les élections (les deux premiers mois, il était toujours fonctionnaire) Ludovic Brossard faisait la cuisine et la comptabilité. Il passait sa vie au journal, il s’y était aménagé une pièce dont il faisait sa chambre. Il y passait sa vie à boire et à lire des romans érotiques, qu’il faisait venir de France. On ne lui connaissait pas d’autres vices.


Martine s’était mise en tête de convertir Ludovic. Depuis que son journal avait fait gagner au parti une élection dans un comté difficile, elle croyait qu’une bonne argumentation pouvait venir à bout des plus rebelles. La machine à écrire n’est-elle pas le quatrième État ? C’est donc par le style que Martine pensait convertir Ludovic.