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Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/152

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— Les affaires et les sentiments, c’est deux choses, Patsy, tiens-toi-le pour dit.

Puis ensuite, il a pas d’argent, le père de celui qui a fait le mauvais coup ? Vous auriez pu l’actionner.

— Des amis…

— Il n’y a pas d’amis en affaires… Parce que c’est toi, j’attendrai un mois, mais pas plus, et c’est la première comme la dernière fois.

Ce jour-là, ce ne fut pas avec le même plaisir que Pesant fit son tour de voiture. Depuis quelques années, il avait cheval et voiture, un autre de ses rêves (les hommes pratiques ayant plus de rêves que les fantaisistes), comme maintenant on a une auto. Ça coûtait gros de foin et d’avoine : des cultivateurs, à qui il avait fait du bon, c’est-à-dire en ne chargeant que la demie de commission, lorsqu’il leur avait prêté (Arthur n’était pas plus fou que le notaire, il chargeait sa commission comme eux) ces cultivateurs le fournissaient à rabais, et, les jours de renouvellement de leur billet, pour rien du tout.

Chaque matin et chaque soir, il parcourait dans sa voiture toute la rue Dorchester jusqu’à la Cathédrale, et revenait par la rue Sherbrooke. Le soir, il allait plus à l’ouest. Le vernis de la