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Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/72

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discuta avec lui-même, il pleura, il se traitait de sans-cœur, mais il triompha et fut inflexible, dans sa décision rusée : « ça le fera revenir » pensa-t-il, « le loup affamé sort du bois, comme disait le père Montplaisir. » En conséquence, il répondit que tout ce qu’il pouvait faire, c’était d’adresser un billet de retour pour deux personnes.

Par courrier spécial, monsieur Lapointe reçoit, bien entendu, une nouvelle lettre, plus larmoyante que la première, habile celle-la, et qui prenait monsieur Lapointe par son faible : « Ma belle-sœur vient d’avoir un enfant, ils sont pauvres comme du sel. La mère et le petit sont en danger. »

Monsieur Lapointe, cette fois, réfléchit plus longuement encore que l’autre. Il calcula, il aligna des chiffres, puis, non, il serait inflexible et Paul lut ce court billet : « Je garde le petit peu qui me reste pour me faire enterrer. Si au moins, j’avais des petits-enfants pour me faire oublier mes épreuves… »


C’était là une invitation. Paul le prit sans doute ainsi. Cependant, il ne donna plus signe de vie jusqu’au moment que monsieur Lapointe