rasé. Philippe n’eut pas le temps d’avoir honte et ce fut comme un autre que lui qui parlait, comme cela lui arrivait souvent :
— J’ai voulu savoir s’ils sont toujours les mêmes. J’ai confessé des petits péchés de rien du tout, et il m’a donné comme pénitence : « Vous direz dix fois, bonne sainte Anne, priez pour nous », et la dévotion à la bonne sainte Anne est une dévotion qui date de je ne sais combien de siècles après Jésus-Christ. Les bons Canayens n’y vont pas voir et ils déposent leurs béquilles en toute confiance aux sanctuaires de Sainte Anne, pendant que les bons Pères empochent…
— Vous l’avez dit !
Mais Philippe n’avait pas le goût à l’anticléricalisme, ce matin, et il quitta tout de suite ce fâcheux.
Maintenant, un abbé n’attendant pas l’autre, il pensait à voir M. Ducharme, ce curé à monographies qui le retenait si longtemps à lire sa prose ineffable, et, lorsque Philippe lui disait qu’il préférait lire seul lui-même, parce qu’il comprenait mieux, l’autre se penchait sur son épaule et suivait les lignes, en soufflant d’émotion vaniteuse : Philippe se proposait un essai sur la concupiscence du livre dans le clergé.
De plus en plus faible, Philippe marchait difficilement. Cette faiblesse commençait à l’inquiéter. Il fit un faux pas, et ce fut de l’épouvante. Si tôt, il ne pouvait sans doute entrer à l’hôpital ; Philippe n’en pensait pas moins à