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Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/138

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DE PHILIPPE

pleine des théories de ces barbons. Nous sommes d’un drôle de pays, les doctrinaires ne portent pas encore de favoris, ils ont encore culottes courtes… »

Philippe s’apercevait qu’il prenait un chemin détourné pour parler du docteur Dufresne, mais quand il voulait se venger de quelqu’un, il voulait se venger de tout le monde à la fois, et son indignation en devenait incompréhensible, comme d’un homme en colère qui bredouille :

« Où le respect paternel va-t-il se nicher ? Le respect paternel ! Tout s’explique : il a appelé son premier-né Sarto, et le dernier, ce sera Verdier… »

Philippe voyait la suite de ses idées : les autres comprendraient-ils ? Tant pis ? il continuait :

« Un pays a les incrédules qu’il mérite… »

( « Tiens ! » se disait Philippe, « si je jouais la farce de la conversion » )

« Un pays a les incrédules qu’il mérite. En marchant, je cause souvent avec le docteur Dufresne… »

( « Je changerai son nom, plus tard… » )

« Je veux dire que je cause avec son ombre. Je discute, je me fâche, mais je suis toujours fin, parce que le docteur Dufresne est toujours bête. Je me fâche, parce que son sourire m’exaspère… »

Il ne savait pourquoi, Philippe décida de faire du docteur Dufresne un défroqué français :