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Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/146

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DE PHILIPPE

partient ? Je ne suis pas ce qu’on appelle un bandit, mais j’ai commis des indélicatesses (Philippe se rappelait singulièrement l’histoire de la serviette et il va de soi qu’il parlait ainsi pour calmer son remords inconscient et parce qu’il projetait au fond de lui-même quelque tapage ; aussi bien Philippe était tellement bourgeois qu’une fois qu’il ne l’était plus, il voulait que tous fussent aussi bas que lui), j’ai commis pas mal de turpitudes, sans en vouloir aucune vraiment, si ce n’est celles que j’ai perpétrées…

Il souriait lui-même à ce mot solennel.

— Celles que j’ai perpétrées et fort légalement dans l’exercice de ma profession. Je n’ai jamais reçu plus que vingt-cinq dollars pour mes articles, dont l’un me coûta dix jours de travail, avec des recherches préliminaires de trois mois, et j’ai déjà touché quinze cents dollars pour trois heures de travail, que n’importe quel comptable aurait pu faire.

Le docteur riait :

— Injustices et exploitations…

— Le mot est gros, mais il va bien avec ceux qui ont changé le règne des seigneurs en celui des « cours classiques » et des « professionnels », comme le tiers-état, en 89, a remplacé la noblesse : le gouvernement des avocats et des marchands vaut celui des comtes et des rois, pas plus…