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Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/179

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LA FOLLE EXPÉRIENCE

— Allez, tout de suite, porter cet argent au père, ou plutôt, demandez-lui tout de suite de placer son enfant au collège, accompagnez-le et donnez vous-même l’argent au directeur… Mais je vais vous demander une promesse. J’entreprends une neuvaine pour votre conversion… Je ne vous crois pas perverti, mais il y a toujours à expier… Et les saints eux-mêmes se convertissent. Vous vous unirez à ma neuvaine. Et priez pour la France.

Le séminariste accompagna Philippe jusqu’au couloir, en ajoutant à mi-voix :

— Ce sont des épreuves qu’il faudrait à la France, des épreuves qu’elle accepterait chrétiennement. Je rêve d’un grand chef, qui lui dirait : France, c’est maintenant le temps de la pénitence et de l’expiation.

Philippe n’entra même pas dans sa chambre. Ces billets le brûlaient, et, subitement, il décida de vérifier s’il était devenu, par la dôpe, cet impuissant dont il rougissait. Arrivé devant la maison de rendez-vous, il était déjà dégoûté, et, là, il ne sut que boire. Aux filles, il disait :

— J’ai une maîtresse qui me trompe, je l’ai dans la peau, et je ne peux même pas la tromper.

— Pauvre chou ! s’écriaient les filles, en se moquant.

C’est vous qui êtes à plaindre, vous n’êtes même pas capables d’amour, pauvres petites filles…

Il bafouillait, et on le fit coucher.