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Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/189

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LA FOLLE EXPÉRIENCE

s’en soucie pas. Des tirages pour des statues qui émerveilleront la piété des dévotes, et il y a cinquante mille incroyants dans la ville, qui attendent qu’on laisse ces joujoux pour venir les chercher. Ce n’est pas de l’action, c’est de l’agitation de vieilles et de vieux garçons qui prennent l’accessoire pour le principal…

Ce dôpé faisait un discours, et, à travers ce chrétien imbécile qui lui avait été plus naïvement charitable que les autres, Philippe voulait blesser tous ceux qui lui avaient ridiculisé une Église dont il avait toujours la nostalgie :

— Vous n’acceptez pas les incroyants qui se font une idée incomplète mais pure de Dieu, lorsque vous-mêmes en faites une image à votre ressemblance : vous mettez des langes à Dieu comme vous en mettez à vos enfants, pas surprenant que votre Dieu paraisse boiteux plus tard aux incroyants !

Le pauvre séminariste essayait de calmer cette exaltation, qu’il prenait pour un anticléricalisme sectaire, lorsque Philippe ne détestait M. Bournisien que parce qu’il haïssait M. Homais.

— Rappelez-vous le grand écrivain Émile Faguet sur son lit de mort qui baise la croix pectorale et couvre de baisers la bague de l’évêque qui venait de lui donner l’absolution.

— C’est ça que vous appelez une conversion, cette piété de petite fille… L’absence du mâle crée pour les dévotes un Dieu à leur image. Ces