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Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/213

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LA FOLLE EXPÉRIENCE DE PHILIPPE

encore. Si bien qu’il avait la sensation de la culpabilité, bien qu’il fût certain que sa volonté n’eût eu aucune part à tout ça. Sa volonté lui était aujourd’hui extérieure, comme ce désir était extérieur à toute personne.

En le laissant, la garde lui avait remis un livre :

— Vous le lirez, en pensant à moi.

C’était l’Homme, cet inconnu, un bouquin que Philippe n’aimait pas, parce que ces explications trop faciles sentent la vulgarisation américaine et qu’il ne l’aimait, en souriant, que chez les Américains.

Dans le volume, il y avait un billet de dix dollars. Philippe rougit de honte : « Celle-là aussi avait eu pitié du parasite. » Bouleversé par cette journée, Philippe ne put alors s’empêcher d’aller boire, pleurer sur lui-même, écrire des pages de journal pleurard, qu’il déchira aussitôt. Enfin, sa sentimentalité se muant en dévotionnette, il s’avisa d’aller faire une retraite.