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LA CONFESSION

Philippe décidait de se confesser. Il remettait toujours ses confessions à demain, puis enfin se décidait. En route, il songeait déjà à éluder les aveux trop pénibles. Non pas qu’il voulût mentir, il craignait que le prêtre ne comprît rien à ses subtilités. Il méprisait ce prêtre d’avance. Surtout, il avait peur que le prêtre le méprisât, qu’il le confondît avec les pénitentes du commun.

Philippe se donna du temps. Il prit par le plus long. C’était un beau samedi d’automne. Ça sentait le congé. Aux arrêts de tramway, il y avait plus de jeunes femmes, mieux maquillées, dans des manteaux plus neufs. Les hommes, eux, se pressaient moins. Ce n’était pas tout à fait la lenteur des dimanches, et ce n’était pas non plus la précipitation de la semaine. Il y avait aussi plus de jeunes chiens qui couraient. Sur les marches des maisons, les jeunes filles prenaient plus de temps à vérifier leur rouge dans le petit miroir. Tout le monde s’acheminait au théâtre, au cinéma. Philippe allait à confesse.

Il hésitait. Peut-être que l’abbé qui va vite ne serait pas là : il lui faudrait alors se confesser à un autre, qui le tiendrait longtemps, tout rouge dans la chaleur du petit réduit. Mais déjà son scrupule, qui tout à l’heure minimisait