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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/22

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Je ne crains pas, mon cher Monsieur, que vos lecteurs s’étonnent de cet éloge, ou, plutôt, je m’assure que quelques-uns d’entre eux le trouveront un peu maigre ; et ils auront raison ! Les partis ne sauraient commettre de pire maladresse, — pour ne rien dire de l’injustice, — ni d’erreur qui leur soit tôt ou tard plus fatale, que de s’aveugler sur la valeur de leurs adversaires, ou de la méconnaître. On ne peut pas résister à la séduction d’une belle page de Renan ; et il faut qu’on le dise, parce qu’il faut qu’on le sache ! Vous m’écriviez vous-même, avec infiniment de libéralisme et de sens : « Et quand nous le traiterions, une fois de plus, d’apostat, qu’y aurions-nous gagné ? » Vous pourriez ajouter : « Et lui-même, qu’y aurait-il perdu ? » puisque, tout justement, ce que M. Combes et M. Guieysse aiment en lui ou de lui, c’est son « apostasie ». Nous, ici, nous ne toucherons pas seulement ce point. Renan n’a pas reçu le caractère indélébile : son « apostasie » n’en est donc pas une ; et si nous voulons que l’on respecte la liberté de notre