Aller au contenu

Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et religieuses sont appelées à se disputer l’empire des esprits. Au moins faut-il que le combat soit franc et loyal, et que le spectateur, spectateur et juge de la lutte, prix lui-même du vainqueur, prononce et décide en pleine connaissance de cause… Point d’équivoques ni de décevantes finesses. Vous n’êtes pas chrétien ? Déclarez-le nettement. C’est votre droit, c’est votre devoir. Expliquez sans détours — et en termes intelligibles pour tous — ce que vous mettez à la place de la foi et des espérances chrétiennes. N’empruntez pas à ceux que vous attaquez la séduction de leur langage mystique, pour en couvrir des idées qui ne sont pas les leurs. Ne déguisez pas les vôtres pour les faire passer, à la faveur de ce masque, dans des esprits qui les repousseraient, si vous les leur présentiez à visage découvert. » La Vie de Jésus venait précisément de paraître, et le nom de Renan commençait à faire quelque bruit dans le monde.

Le grand défaut du style de Renan est d’avoir abusé de l’« équivoque » et des « décevantes finesses ». Renan a uniquement aimé la vérité, nous dit-on, et c’est ce qu’il faudra voir. Mais ce que nous pouvons déjà dire, c’est que la vérité