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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/48

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C’est tout ce que je trouve de « philosophie » dans l’œuvre de Renan, que j’ai la prétention de connaître aussi bien que personne ; et voilà, sous ce rapport, tout le legs du « grand penseur breton » à la postérité. Il est mince ! Et le patrimoine philosophique de l’humanité — quoi que puissent dire dimanche les orateurs de Tréguier — ne s’en trouvera guère enrichi.

Mais ce que je voudrais surtout que l’on eût vu, c’est l’étroite et intime liaison de cette « manière dépenser » avec la nature du « style » de Renan. Les idées dont Renan a vécu, et au développement desquelles il a consacré près d’un demi-siècle de labeur, ce sont celles qu’après expérience faite, il a trouvées le plus favorables à la nature de son talent. Il était né « rhéteur » ou, si l’on préférait cet autre mot, pour dire à peu près la même chose, il était né « virtuose » ; et quel champ plus vaste à l’exercice de sa « virtuosité » que le domaine entier de l’orientalisme et de l’histoire[1] ?

  1. On observera que, tout compte fait, il semble bien que ce soit le principal bénéfice que le dix-neuvième siècle ait tirédu développement des études orientales. Et aussi bien, Renan