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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/92

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veut déprécier l’un ou l’autre, « vulgariser » la théologie, par exemple, ou la jurisprudence, eu les mettant à la disposition des « honnêtes gens » , ceux qui n’ont point d’enseigne, comme on disait jadis, qui ne tiennent boutique de rien, qui ne sont pas de la cabale ou du couvent. Mais, quand on fait attention, là-dessus, que, dans l’histoire de notre littérature française, le « vulgarisateur » de la théologie se nomme Blaise Pascal, et celui de la jurisprudence le président de Montesquieu, on s’aperçoit alors qu’il n’est donné qu’à bien peu d’écrivains de tirer ainsi une « spécialité » de l’ombre des bibliothèques, pour la produire au grand jour, et d’en enrichir, en l’y incorporant, le patrimoine héréditaire d’une grande littérature.

On ne saurait disputer ce mérite à Renan. Il a été l’un de ces vulgarisateurs. Tout ce qu’un Français, d’intelligence et de culture moyennes, sait aujourd’hui des choses de l’ancien Orient, tout ce qu’il connaît de l’histoire des « religions comparées », tout ce qu’il soupçonne des problèmes de l’exégèse biblique, l’intérêt même de curiosité qu’il y prend, tout cela, directement ou indirectement, lui vient de Renan. Renan a