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PHÉNOMÈNES NATURELS


Parmi les scènes imposantes que l’étranger en séjour à Loèche est appelé à contempler, un orage survenu subitement occupe sans contredit une des premières places. L’aspect en est d’une solennité indescriptible, lorsque tout à coup des masses de gros nuages obscurcissent le ciel ; que le tonnerre éclate et gronde à une faible distance ; que les éclairs se succèdent pour ainsi dire sans interruption, déchirent le sombre voile et éclairent les parois de rochers d’une lueur incandescente ; qu’une pluie diluvienne vient fondre sur la vallée et inonde les flancs des montagnes, métamorphosant chaque ravin en torrent impétueux dont les flots bondissent dans l’espace, pour retomber en chutes fumantes ; que la Dala, naguère encore paisible ruisseau au doux murmure, est changée en rivière sauvage et entraîne dans sa course folle l’humus des prairies, ou se brise avec un fracas inutile contre les murs calcaires, pour se précipiter avec une nouvelle rage vers les gorges par lesquelles elle va se déverser dans le Rhône.

Mais le charme redouble pour tous nos sens lorsque après ce choc terrible nous apercevons de nouveau la voûte azurée ; lorsque nous absorbons à pleine poitrine l’air rafraîchi et purifié de la montagne ; lorsque la fureur des éléments s’est en quelque sorte épuisée et que cette pompeuse nature alpestre s’offre à nos yeux dans ses habits de fête ; lorsque l’Altels découvre sa tête blanchie, éclairé par les rayons de pourpre du soleil couchant, et en projette les reflets sur toute la contrée.