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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 2.pdf/375

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72 515 ans. D’où l’on voit que ç’a été dans l’année 72 513, c’est-à-dire il y a 2 318 ans que la lune a été refroidie au point de 1/25 de la température actuelle du globe de la terre.

La plus grande chaleur que nous ayons comparée à celle du soleil ou de la terre, est la chaleur du fer rouge ; et nous avons trouvé que cette chaleur extrême n’est néanmoins que vingt-cinq fois plus grande que la chaleur actuelle du globe de la terre, en sorte que notre globe, lorsqu’il était en incandescence, ayant 25 de chaleur, n’en a plus que la vingt-cinquième partie, c’est-à-dire 25/25 ou 1 ; et en supposant la première période de 74 047 ans, on doit conclure que dans une seconde période semblable de 74 047 ans, cette chaleur ne sera plus que 1/25 de ce qu’elle était à la fin de la première période, c’est-à-dire il y a 785 ans. Nous regardons le terme 1/25 comme celui de la plus petite chaleur, de la même façon que nous avons pris 25 comme celui de la plus forte chaleur dont un corps solide puisse être pénétré. Cependant ceci ne doit s’entendre que relativement à notre propre nature, et à celle des êtres organisés, car cette chaleur 1/25 de la température actuelle de la terre est encore double de celle qui nous vient du soleil, ce qui fait une chaleur considérable, et qui ne peut être regardée, comme très petite, que relativement à celle qui est nécessaire au maintien de la nature vivante ; car il est démontré même par ce que nous venons d’exposer, que si la chaleur actuelle de la terre était vingt-cinq fois plus petite qu’elle ne l’est, toutes les matières fluides du globe seraient gelées, et que ni l’eau, ni la sève, ni le sang ne pourraient circuler ; et c’est par cette raison que j’ai regardé le terme 1/25 de la chaleur actuelle du globe, comme le point de la plus petite chaleur, relativement à la nature organisée, puisque de la même manière qu’elle ne peut naître dans le feu, ni exister dans la très grande chaleur, elle ne peut de même subsister sans chaleur ou dans une trop petite chaleur. Nous tâcherons d’indiquer plus précisément les termes de froid et de chaud, où les êtres vivants cesseraient d’exister, mais il faut voir auparavant comment se fera le progrès du refroidissement du globe terrestre jusqu’à ce point 1/25 de sa chaleur actuelle.

Nous avons deux périodes de temps, chacune de 74 047 ans, dont la première est écoulée, et a été prolongée de 785 ans par l’accession de la chaleur du soleil et de celle de la lune. Dans cette première période, la chaleur propre de la terre s’est réduite de 25 à 1, et dans la seconde période, elle se réduira de 1 à 1/25. Or, nous n’avons à considérer dans cette seconde période que la compensation de la chaleur du soleil, car on voit que la chaleur de la lune est depuis longtemps si faible, qu’elle ne peut envoyer à la terre qu’une si petite quantité, qu’on doit la regarder comme nulle. Or, la compensation par la chaleur du soleil étant 1/50 à la fin de la première période de la chaleur propre de la terre, sera par conséquent 25/50 à la fin de la seconde période de 74 047 ans. D’où il résulte que la compensation totale que produira la chaleur du soleil pendant cette seconde période, sera 325/50 ou 6 1/2. Et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidissement, on aura 25 : 6 1/2 : : 74 047 : 19 252 ans environ. Ainsi la chaleur du soleil qui a prolongé le refroidissement de la terre de 770 ans pour la première période, le prolongera pour la seconde de 19 252 ans.

Et le moment où la chaleur du soleil sera égale à la chaleur propre de la terre, ne se trouvera pas encore dans cette seconde période, mais au second terme d’une troisième période de 74 047 ans ; et comme chaque terme de ces périodes est de 2 962 ans, en les multipliant par 2, on a 5 924 ans, lesquels ajoutés aux 148 094 ans des deux premières périodes, il se trouve que ce ne sera que dans l’année 154 018 de la formation des planètes que la chaleur envoyée du soleil à la terre sera égale à sa chaleur propre.

Le refroidissement du globe terrestre a donc été prolongé de 776 ans 1/2 pour la première période, tant par la chaleur du soleil que par celle de la lune ; et il sera encore prolongé de 19 252 ans par la chaleur du soleil pour la seconde période de 74 047 ans.