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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 2.pdf/440

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plus chaude qu’elle l’est aujourd’hui, en supposant, comme dans les autres calculs, que la chaleur solaire n’est que 1/50 de la chaleur terrestre. Cette chaleur solaire, qui fait aujourd’hui compensation de 1/50, n’aurait fait compensation que de 1/250 dans le temps de l’incandescence. Ces deux termes ajoutés donnent 6/250, qui multipliés par 2 1/2, moitié de la somme de tous les termes de la diminution de la chaleur, donnent 15/250 pour la compensation totale qu’a faite la chaleur du soleil pendant la période entière de la déperdition de la chaleur propre du globe, qui est de 74 047 ans. Ainsi l’on aura 5 : 15/250 : : 74 047 : 888 14/25. D’où l’on voit que le prolongement du refroidissement qui, pour une chaleur vingt-cinq fois plus grande que la température actuelle, n’a été que de 770 ans, aurait été de 888 14/25, dans la supposition que cette première chaleur n’aurait été que cinq fois plus grande que cette même température actuelle. Cela seul nous fait voir que, quand même on voudrait supposer cette chaleur primitive fort au-dessous de vingt-cinq, il n’en résulterait qu’un prolongement plus long pour le refroidissement du globe, et cela seul me paraît suffire aussi pour satisfaire à l’objection.

Enfin, me dira-t-on, vous avez calculé la durée du refroidissement des planètes, non seulement par la raison inverse de leurs diamètres, mais encore par la raison inverse de leur densité ; cela serait fondé si l’on pouvait imaginer qu’il existe en effet des matières dont la densité serait aussi différente de celle de notre globe ; mais en existe-t-il ? Quelle sera, par exemple, la matière dont vous composerez Saturne, puisque sa densité est plus de cinq fois moindre que celle de la terre ?

À cela je réponds qu’il serait aisé de trouver dans le genre végétal des matières cinq ou six fois moins denses qu’une masse de fer, de marbre blanc, de grès, de marbre commun et de pierre calcaire dure, dont nous savons que la terre est principalement composée ; mais sans sortir du règne minéral, et considérant la densité de ces cinq matières, on a pour celle du fer 21 10/72, pour celle du marbre blanc 8 25/72, pour celle du grès 7 24/72, pour celles du marbre commun et de la pierre calcaire dure 7 25/20 : prenant le terme moyen des densités de ces cinq matières, dont le globe terrestre est principalement composé, on trouve que sa densité est 10 5/18. Il s’agit donc de trouver une matière dont la densité soit 1 891 1/9/1000 ce qui est le même rapport de 184, densité de Saturne, à 1 000, densité de la terre. Or, cette matière serait une espèce de pierre ponce un peu moins dense que la pierre ponce ordinaire, dont la densité relative est ici de 1 69/72 ; il paraît donc que Saturne est principalement composé d’une matière légère semblable à la pierre ponce.

De même, la densité de la terre étant à celle de Jupiter : : 1 000 : 292, ou : : 10 5/18 : 3 1 1/9/1000, on doit croire que Jupiter est composé d’une matière plus dense que la pierre ponce, et moins dense que la craie.

La densité de la terre étant à celle de la lune : : 1 000 : 702, ou : : 10 5/18 : 7 215/1000, cette planète secondaire est composée d’une matière dont la densité n’est pas tout à fait si grande que celle de la pierre calcaire dure, mais plus grande que celle de la pierre calcaire tendre.

La densité de la terre étant à celle de Mars : : 1 000 : 730, ou : : 10 5/18 : 7 502 1/9/1000 on doit croire que cette planète est composée d’une matière dont la densité est un peu plus grande que celle du grès, et moins grande que celle du marbre blanc.

Mais la densité de la terre étant à celle de Vénus : : 1 270 : 1 270, ou : : 10 5/18 : 13 52 7/9/1000 on peut croire que cette planète est principalement composée d’une matière plus dense que l’émeril, et moins dense que le zinc.

Enfin la densité de la terre étant à celle de Mercure : : 1 270 : 2 040, ou : : 10 5/18 : 200 966 2/3/1000 on doit croire que cette planète est composée d’une matière un peu moins dense que le fer, mais plus dense que l’étain.