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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 2.pdf/53

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la mer dans laquelle ils ont leur embouchure, et que dans la plus grande partie de leur cours ils vont à peu près[1] comme les chaînes de montagnes dont ils prennent leur source et leur direction. Examinant ensuite les rivages de la mer, je trouve qu’elle est ordinairement bornée par des rochers, des marbres et d’autres pierres dures, ou bien par des terres et des sables qu’elle a elle-même accumulés ou que les fleuves ont amenés, et je remarque que les côtes voisines, et qui ne sont séparées que par un bras ou par un petit trajet de mer, sont composées des mêmes matières, et que les lits de terre sont les mêmes de l’un et l’autre côté[2] ; je vois que les volcans se[3] trouvent dans les hautes montagnes, qu’il y en a un grand nombre dont les feux sont entièrement éteints, que quelques-uns de ces volcans ont des correspondances[4] souterraines, et que leurs explosions se font quelquefois en même temps. J’aperçois une correspondance semblable entre certains lacs et les mers voisines ; ici sont des fleuves et des torrents[5] qui se perdent tout à coup et paraissent se précipiter dans les entrailles de la terre ; là est une mer intérieure où se rendent cent rivières qui y portent de toutes parts une énorme quantité d’eau sans jamais augmenter ce lac immense, qui semble rendre par des voies souterraines tout ce qu’il reçoit par ses bords ; et chemin faisant je reconnais aisément les pays anciennement habités ; je les distingue de ces contrées nouvelles où le terrain paraît encore tout brut, où les fleuves sont remplis de cataractes, où les terres sont en partie submergées, marécageuses ou trop arides, où la distribution des eaux est irrégulière, où des bois incultes couvrent toute la surface des terrains qui peuvent produire.

Entrant dans un plus grand détail, je vois que la première couche[6] qui enveloppe le globe est partout d’une même substance ; que cette substance qui sert à faire croître et à nourrir les végétaux et les animaux, n’est elle-même qu’un composé de parties animales et végétales détruites, ou plutôt réduites en petites parties, dans lesquelles l’ancienne organisation n’est pas sensible. Pénétrant plus avant, je trouve la vraie terre, je vois des couches de sable, de pierres à chaux, d’argile, de coquillages, de marbres, de gravier, de craie, de plâtre, etc., et je remarque que ces[7] couches sont toujours posées parallèlement les unes[8] sur les autres, et que chaque couche a la même épaisseur dans toute son étendue : je vois que dans les collines voisines les mêmes matières se trouvent au même niveau, quoique les collines

  1. Voyez les Preuves, art. x.
  2. Voyez les Preuves, art. vii.
  3. Voyez les Preuves, art. xvi.
  4. Vid. Kircher. Mund. Subter. in præf.
  5. Voyez Varen. Geogr., p. 43.
  6. Voyez les Preuves, art. vii.
  7. Voyez les Preuves, art. vii.
  8. Voyez Woodward, p. 41, etc.