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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 3.pdf/165

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coquilles marines. Ainsi toutes ces poudres de pierre, soit craie, marne ou tuffeau, ont été déposées par des alluvions postérieurs, avec les plâtres, sur les bancs de pierre qui ont été formés les premiers ; et la masse entière de la colline plâtreuse porte sur cette pierre ou sur l’argile ancienne et le schiste qui sont le fondement et la base générale et commune de toutes les matières calcaires et plâtreuses.

Comme le plâtre est une matière très utile, il est bon de donner une indication des différents lieux qui peuvent en fournir, et où il se trouve par couches d’une certaine étendue, à commencer par la colline de Montmartre à Paris : on en tire des plâtres blancs, gris, rougeâtres, et il s’y trouve une très grande quantité de gypse, c’est-à-dire des stalactites transparentes et jaunâtres en assez grands morceaux plus ou moins épais et composés de lames minces appliquées les unes contre les autres[1]. Il y a aussi de bon plâtre à Passy, à Montreuil près de Créteil, à Gagny et dans plusieurs autres endroits aux environs de Paris ; on en trouve de même à Decize en Nivernais, à Sombernon, près de Vitteaux en Bourgogne, où le gypse est blanc et très transparent. « Dans le village de Charcey, situé à trois lieues au couchant de Chalon-sur-Saône, sur la route de cette ville à Autun, il y a, m’écrit M. du Morey, des carrières de très beau plâtre blanc et gris : ces carrières s’étendent dans une grande partie du territoire ; elles sont à peu de profondeur en terre, on les découvre souvent en cultivant les vignes qui couvrent la colline où elles se trouvent ; elles sont placées presque au pied du coteau, qui est dominé de toutes parts des montagnes les plus élevées du pays ; la surface de tout le coteau n’est pas sous des pentes uniformes, elle est au contraire coupée presque en tous sens par des anciens ravins qui forment dans ce pays un nombre de petits monticules disposés sur la croupe générale de la montagne. Ce plâtre est de la première qualité pour l’intérieur des appartements, mais moins fort que celui de Montmartre et que celui de Salins, en Franche-Comté, lorsqu’il est exposé aux injures de l’air[2]. » M. Guettard a donné la description de la carrière à plâtre de Serbeville en Lorraine, près de Lunéville[3] : dans cette plâtrière, les derniers

  1. « Dans les carrières de Montmartre, dit M. Guettard, les bancs sont ordinairement entrecoupés d’une bande de pierre spéculaire, qui est quelquefois d’un pied, et d’autres fois n’a que quelques pouces : cette pierre est communément d’un jaune transparent, mais quelquefois sa couleur est d’un brun ou d’un verdâtre de glaise : elle se trouve ordinairement dans des terres de l’une ou de l’autre de ces couleurs, elle y est en petites paillettes ; le total forme une bande qui n’a que quelques pouces : elle sépare ordinairement le second banc de pierre à plâtre, qui est un de ceux qui sont au-dessous des pierres veinées ; le premier l’est par une couche de l’autre pierre spéculaire. Cette couche forme communément des masses de morceaux arrangés irrégulièrement, de façon cependant qu’on peut la distinguer en deux parties : je veux dire qu’une partie des morceaux semble pendre du banc supérieur de pierre à plâtre, et l’autre s’élever du banc inférieur qu’elle sépare ; quelquefois il se trouve des morceaux qui sont isolés, et qui ont une figure triangulaire dont la base forme un angle aigu et rentrant ; les autres morceaux qui composent les masses irrégulières des autres couches affectent également plus ou moins cette figure, et tous se lèvent par feuillets. »

    M. Guettard ajoute qu’il en est à peu près de même de toutes les carrières à plâtre des environs de Paris. Voyez les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1756, p. 239.

  2. Note communiquée par M. du Morey, ingénieur en chef de la province de Bourgogne, à M. de Buffon, 22 juillet 1779.
  3. « Le canton de Lunéville en Lorraine, dit M. Guettard, ne m’offrit rien de plus curieux, par rapport à l’histoire naturelle, qu’une carrière à plâtre qui est à Serbeville, village peu éloigné de Lunéville ; les bancs dont cette carrière est composée sont dans cet ordre : 1o un lit de terre de 28 pieds ; 2o un cordon rougeâtre de deux à trois pieds ; 3o un lit de châlin noir de 4 pieds ; 4o un cordon jaune de 2 pieds ; 5o un lit de châlin verdâtre de 4 à 5 pieds ; 6o un lit de crasses, moitié bonnes, moitié mauvaises, de 3 pieds ; 7o un lit de 4 pieds de pierres appelées moutons ; 8o un filet d’un pouce de tarque ; 9o un lit de 1/2 pied de carreau, bon pour la maçonnerie ; 10o un lit de plâtre gris de 1 pied ; 11o un