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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/120

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temps qu’on détermine son écoulement dans des bassins pour l’y recueillir ; cependant il est encore alors impur et mélangé, et ce n’est que du soufre brut qu’il faut purifier en le séparant des parties terreuses ou métalliques qui lui restent unies : on procède à cette purification en faisant fondre ce soufre brut dans de grands vases à un feu modéré ; les

    gile, et on y introduit, par leur plus grande ouverture, trente à trente-cinq livres de pyrite réduite en petits morceaux : on les bouche ensuite très exactement, de même que les récipients de forme carrée, qu’on remplit d’eau et qu’on recouvre avec leur couvercle de plomb bien luté : après quatre heures de feu, on ôte les pyrites et on les jette dans l’eau pour en faire une lessive que l’on fait évaporer pour en obtenir le vitriol ; on met de nouvelles pyrites concassées dans les tuyaux, et l’on répète la même opération toutes les quatre heures, et toutes les douze heures, on ouvre les récipients pour en retirer le soufre ; de sorte que le travail d’une semaine est d’environ cent quarante quintaux de pyrites, pour lesquels on consomme quatre cordes et demie de bois, ou quinze cent cinquante-trois pieds cubes, y compris celui que l’on brûle pour la purification du soufre, comme le dit Schlutter. Cette opération se fait dans un fourneau plus petit que celui que décrit cet auteur, car il ne peut y entrer que trois cucurbites de chaque côté : elles sont de fer, ayant deux pieds et demi de hauteur, dix-huit pouces dans leur plus grand diamètre, et une ouverture de sept pouces, à laquelle il y a un chapiteau de terre, dont le bec entre dans un récipient de fer, que Schlutter nomme avant-coulant.

    Ces cucurbites se remplissent avec du soufre cru que l’on a retiré des pyrites, et en contiennent ensemble sept quintaux ; pour la conduite de l’opération et la manière d’en obtenir le soufre et de le mouler, on suit le même procédé que Schlutter a décrit. — Dans le haut Hartz, quand le grillage de la mine de plomb tenant argent de Ramelsberg a resté au feu pendant quinze jours ou environ, le minerai et le noyau de vitriol qui est par-dessus deviennent très gras, c’est-à-dire qu’ils paraissent comme enduits d’une espèce de vernis ; alors il faut faire dans le dessus du grillage vingt ou vingt-cinq trous avec une barre de fer, au bout de laquelle il y a un globe de plomb : on unit ces trous avec du menu vitriol, et c’est là ou le soufre se rassemble ; on l’y puise trois fois par jour, le matin, à midi et le soir, pour le jeter dans un sceau où l’on a mis un peu d’eau. Ce soufre, tel qu’il vient des grillages, se nomme soufre cru ; on l’envoie aux fabriques de soufre pour le purifier : lorsque les trous dont on vient de parler sont ajustés, on ramasse tout autour la matière du grillage, c’est-à-dire qu’on ôte le minéral du bas du grillage, d’un pied ou environ, afin que l’air puisse pénétrer dans ce grillage, et par la chaleur du feu qui l’anime y séparer le soufre ; s’il arrive que ce soufre reste un peu en arrière, on ramasse une seconde fois le grillage pour introduire plus d’air, ce qui se fait jusqu’à trois fois. Pendant toute cette manœuvre, il faut bien prendre garde que le grillage ne se refende, soit par-dessus, soit par les côtés ; si cela arrivait, il faudrait boucher les fentes sur-le-champ, car, faute de cette précaution, il arrive souvent que le grillage se met en feu, que tout le soufre se brûle et se consume, aussi bien que la partie supérieure du noyau de vitriol. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. II, p. 167 et 168.

    Le printemps et l’automne sont les saisons les plus convenables pour rassembler le soufre dans les trous dont on a parlé, surtout quand l’air est sec : c’est donc selon que l’air est sec ou humide qu’on peut puiser peu à peu, depuis dix jusqu’à vingt quintaux de soufre cru. Idem, ibidem, p. 169.

    S’il arrive que pendant un beau temps le grillage devienne extrêmement gras d’un côté ou de l’autre, que le soufre perce et traverse le menu vitriol qui en fait la couverture, on y fait une autre couverture avec du même métal, qu’on humecte auparavant d’un peu d’eau, et l’on choisit pour cela les côtés du grillage qui ne sont pas exposés au vent d’est, parce qu’il les sèche trop : lorsque cette ouverture est fermée, on ouvre et l’on creuse un peu le grillage, d’abord seulement d’un pied, et l’on met des planches devant pour en entretenir la chaleur, en empêchant le vent d’y entrer ; alors le soufre y dégoutte, et forme différentes figures que l’on ôte le matin et le soir… Mais il n’y a point de soufre à espérer pendant l’hiver, dans les fortes pluies, quand l’air est trop chaud, et quand le vent d’est souffle un peu fort. Idem, ibidem, p. 170.