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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/147

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semblables carrières de pierres d’alun en Angleterre[1], particulièrement à Whithy, dans le comté d’York, ainsi qu’en Saxe, en Suède, en Norvège[2], et dans les pays de Hesse et

    d’un gris blanc ou blanche comme de la craie ; elle est compacte et assez dure ; en la raclant avec un couteau, on en obtient une poudre argileuse qui ne fait point effervescence avec les acides ; elle est déjà pénétrée de l’acide vitriolique, et sa base est une terre argileuse… Il y a dans la même carrière une argile molle, blanche comme de la craie, et une autre d’un gris bleuâtre, que l’acide a commencé à tacher de blanc… La pierre d’alun de la Tolfa est donc une argile durcie, pénétrée et blanchie par l’acide vitriolique ; cette pierre renferme quelques petites parties calcaires qui se forment en sélénite pendant la fabrication de l’alun ; elles s’attachent aux vaisseaux : cette argile ou pierre d’alun compacte, sans être schisteuse, est disposée en masses et non par couches.

    Les masses d’argile blanche de la Tolfa sont traversées de haut en bas par diverses petites veines de quartz gris blanc, presque perpendiculaires, de trois à quatre pouces d’épaisseur. Il y a de la pierre d’alun blanche à taches rougeâtres, qui ressemble à un savon marbré rouge et blanc. Lettres sur la Minéralogie, p. 315 et suiv.

  1. Il y a, dit Daniel Colwal (Transactions philosophiques, année 1678), des mines de pierres qui fournissent de l’alun dans la plupart des montagnes situées entre Scarboroug et la rivière de Tées, dans le comté d’York, et encore près de Preston, dans le Lancashire ; cette pierre est d’une couleur bleuâtre et a quelque ressemblance avec l’ardoise.

    Les meilleures mines sont celles qui se trouvent les plus profondes en terre, et qui sont arrosées de quelques sources ; les mines sèches ne valent rien ; mais aussi, lorsque l’humidité est trop grande, elle gâte les pierres et les rend nitreuses.

    Il se rencontre dans ces mines des veines d’une autre pierre de même couleur, mais qui n’est pas si bonne : ces mines sont quelquefois à soixante pieds de profondeur. La pierre, exposée à l’air avant d’être calcinée, se brise d’elle-même et se met en fragments, qui, macérés dans l’eau, donnent du vitriol ou de la couperose, au lieu qu’elle donne de l’alun lorsqu’elle a été calcinée auparavant ; cette pierre calcinée conserve sa dureté tant qu’elle reste dans la terre ou sous l’eau : quelquefois il sort de l’endroit d’où l’on tire la mine un ruisseau dont les eaux, étant évaporées par la chaleur du soleil, donnent de l’alun natif ; on calcine cette mine avec le fraisil ou charbon à demi consumé de Newcastle, avec du bois et du genêt. Cette calcination se fait sur plusieurs bûchers, que l’on charge jusqu’à environ huit à dix verges d’épaisseur, et à mesure que le feu gagne le dessus, on recharge de nouvelle mine quelquefois à la hauteur de soixante pieds successivement, et cette hauteur n’empêche pas que le feu ne gagne toujours le dessus, c’est-à-dire le sommet, sans qu’on lui fournisse de nouvel aliment : il est même plus ardent sur la fin, et dure tant qu’il reste des matières sulfureuses unies à la pierre. Collection académique, partie étrangère, t. VI, p. 193.

  2. M. Jars nous donne une notice de ces différentes mines d’alun : « Au sud et au nord de la ville de Whithy, dit-il, le long des côtes de la mer, le terrain a été tellement lavé par les eaux, que le rocher d’alun y est entièrement à découvert sur une étendue de plus de douze milles, où il est exploité sur une hauteur perpendiculaire de cent pieds au-dessus de son niveau : ce rocher s’étend aussi fort avant dans les terres… Il se délite par lames comme le schiste ; il est de couleur d’ardoise, mais beaucoup plus friable qu’elle, se décompose aisément à l’air, et y perd de même entièrement sa qualité alumineuse s’il est lavé par les pluies. On trouve très souvent entre ses lames ou feuillets de petits grains de pyrites, des bélemnites, mais surtout une grande quantité de cornes d’Ammon, enveloppées d’un rocher plus dur et de forme arrondie. On prétend que les lits de ce rocher vont jusqu’à une profondeur que l’on ne peut déterminer au-dessous du niveau de la mer, mais qu’il y est de moindre qualité ; d’ailleurs on a pour plusieurs siècles à exploiter de celui qui est à découvert…

    » La mine d’alun de Schwemsal, en Saxe, est située au bord de la rivière de la Molda, dans une plaine dont le terrain est très sablonneux : le minerai y est par couches, dont on en distingue deux qui s’étendent sur une lieue d’arrondissement, et très faciles à exploiter, puisqu’elles se trouvent près de la surface de la terre, et qu’elles sont presque