Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/174

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Blanc[1] ; et, comme la chaleur est excessive au Sénégal, en Guinée et dans toutes les terres basses de l’Afrique, le sel s’y forme par une évaporation prompte et presque continuelle[2] ; il s’en forme aussi sur la côte d’Or[3], et il y a des mines de sel gemme au

    congeler que dans la saison sèche ; au lieu que dans les salines des Indes occidentales, c’est au temps des pluies, particulièrement dans l’île de la Tortue. Hist. gén. des voyages, t. II, p. 372.

  1. À six journées de la ville de Hoden, derrière le cap Blanc, on trouve une ville nommée Teggazza, d’où l’on tire tous les ans une grande quantité de sel de roche, qui se transporte sur le dos des chameaux à Tumbuto, et de là dans le royaume de Melly, qui est du pays des Nègres. Histoire générale des voyages, t. II, p. 293. — Ces nègres regardent le sel comme un préservatif contre la chaleur ; ils en font chaque jour dissoudre un morceau dans un vase rempli d’eau, et l’avalent avec avidité, ils croient lui être redevables de leur santé et de leurs forces. Idem, ibidem.
  2. On ne saurait presque s’imaginer combien est considérable le gain que les Nègres font à cuire le sel sur la côte de Guinée… Tous les Nègres du pays sont obligés à venir quérir le sel sur la côte ; ainsi, il ne vous sera pas difficile de comprendre que le sel y soit extrêmement cher et les gens du commun sont forcés de se contenter, en place de sel, d’une certaine herbe un peu salée, leur bourse ne pouvant souffrir qu’ils achètent du sel.

    Quelques milles dans les terres derrière Ardra, d’où viennent la plupart des esclaves, on en donne un et quelquefois deux pour une poignée de sel…

    Voici la manière de cuire le sel : quelques-uns font cuire l’eau de la mer dans des bassins de cuivre aussi longtemps qu’elle se mette ou se change en sel ; mais c’est la manière la plus longue, et par conséquent la moins avantageuse ; aussi ne fait-on cela que dans les lieux où le pays est si haut, que la mer ou les rivières salées n’y peuvent couler par-dessus ; mais dans les autres endroits où l’eau des rivières ou de la mer se répand souvent, ils creusent de profondes fosses pour y renfermer l’eau qui se dérobe, en suite de quoi, le plus fin ou le plus doux de cette eau se sèche peu à peu par l’ardeur du soleil, et devient plus propre pour en tirer dans peu de temps beaucoup de sel.

    En d’autres endroits ils ont des salines où l’eau est tellement séchée par la chaleur du soleil, qu’ils n’ont pas besoin de la faire cuire, mais n’ont qu’à l’amasser dans ces salines.

    Ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter des bassins de cuivre, ou qui ne veulent pas employer leur argent à ces bassins, ou bien encore qui craignent que l’eau de mer devant cuire si longtemps, ces bassins ne fussent bientôt percés par le feu, prennent des pots de terre dont ils mettent dix ou douze les uns contre les autres, et font ainsi deux longues rangées, étant attachés les uns aux autres avec de l’argile, comme s’ils étaient maçonnés, et sous ces pots il y a comme un fourneau, où l’on met continuellement du bois ; cette manière est la plus ordinaire dont ils se servent, et avec laquelle cependant ils ne tirent pas tant de sel ni si promptement. Le sel est extrêmement fin et blanc sur toute la côte (à l’exception des environs d’Acra), principalement dans le pays de Fantin, où il surpasse presque la neige en blancheur. Voyages de Bosman ; Utrecht, 1705, p. 321 et suiv.

    Le long du rivage du canal de Biyurt, quelques lieues au-dessus de la barre du fleuve du Sénégal, la nature a formé des salines fort riches ; on en compte huit éloignées l’une de l’autre d’une ou deux lieues : ce sont de grands étangs d’eau salée, au fond desquels le sel se forme en masse ; on le brise avec des crocs de fer pour le faire sécher au soleil : à mesure qu’on le tire de l’étang, il s’en forme d’autre. On s’en sert pour saler les cuirs ; il est corrosif et fort inférieur en bonté au sel de l’Europe. Chaque étang a son fermier qui se nomme ghiodin ou komessu, sous la dépendance du roi de Kayor. Histoire générale des voyages, t. II, p. 489.

  3. La côte d’Or, en Afrique, fournit un fort bon sel et en abondance… La méthode des Nègres est de faire bouillir l’eau de la mer dans des chaudières de cuivre, jusqu’à sa parfaite congélation… Ceux qui sont situés plus avantageusement creusent des fosses et des trous, dans lesquels ils font entrer l’eau de la mer pendant la nuit : la terre étant d’elle-même salée et nitreuse, les parties fraîches de l’eau s’exhalent bientôt à la chaleur du soleil, et laissent de fort bon sel, qui ne demande pas d’autres préparations. Dans quelques endroits, on voit des salines régulières où la seule peine des habitants est de recueillir le sel chaque jour. Histoire générale des voyages, t. IV, p. 216 et suiv.