Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/291

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d’assez bas aloi[1] : ils assurent que les Chinois apportent à Manille de l’or qui est très blanc, très mou, et qu’il faut allier avec un cinquième de cuivre rouge, pour lui donner la couleur et la consistance nécessaire dans les arts. Les îles du Japon[2] et celle de Formose[3], sont peut-être encore plus riches en mines d’or que la Chine ; enfin l’on trouve de l’or jusqu’en Sibérie[4], en sorte que ce métal, quoique plus abondant dans les contrées méridionales de l’Asie, ne laisse pas de se trouver aussi dans toutes les régions de cette grande partie du monde.

Les terres de l’Afrique sont plus intactes, et par conséquent plus riches en or que celles de l’Asie ; les Africains en général, beaucoup moins civilisés que les Asiatiques, se sont rarement donné la peine de fouiller la terre à de grandes profondeurs, et quelque abondantes que soient les mines d’or dans leurs montagnes, ils se sont contentés d’en recueillir les débris dans les vallées adjacentes, qui étaient, et même sont encore très richement pourvues de ce métal : dès l’année 1442, les Maures, voisins du cap Bajador, offrirent de la poudre d’or aux Portugais, et c’était la première fois que les Européens eussent vu de

    d’Ava, de Pégu et de Laor ; mais cet or n’est pas des plus beaux… Le plus beau se trouve dans les districts de Li-kiang-fu et de Yang-chang-fu. Idem, t. VI, p. 484.

  1. Il y a plusieurs mines d’or à la Chine, mais en général il est moins pur que celui du Brésil ; les Chinois en font néanmoins un très grand commerce. Voyages de le Gentil ; Paris, 1725, t. II, p. 15.
  2. Le Japon passe pour la contrée de toute l’Asie la plus riche en or, mais on croit que la plus grande partie vient de l’île de Formose. Voyages de Tavernier, t. IV, p. 85. — Quelques provinces de l’empire du Japon possèdent des mines d’or… Le commerce s’en fait en or de fonte et en or en poudre, que l’on tire des rivières… Les plus abondantes mines de l’or le plus pur ont été longtemps les mines de Sado, une des provinces septentrionales de Niphon : on y recueille encore quantité de poudre d’or. Les mines Suronga sont aussi très estimées ; mais les unes et les autres commencent à s’épuiser ; on en a découvert de nouvelles auxquelles il est défendu de travailler… Une montagne située sur le golfe d’Okas, s’étant écroulée dans la mer à la fin du siècle passé, on trouva que le sable du lieu qu’elle avait occupé était mêlé d’or pur… Dans la province de Chiango et dans l’île d’Amakusa, il y a aussi des mines d’or, mais on ne peut y travailler, à cause des eaux. Histoire générale des Voyages, t. X, p. 654.
  3. Il y a une grande quantité de mines d’or et d’argent dans l’île de Formose, et on en trouve de même beaucoup dans les îles des Voleurs et autres îles adjacentes ; mais l’or de l’île des Voleurs n’est pas un métal pur : il y a dans ces îles, sans parler de celle des Voleurs, trois mines d’or et trois mines d’argent fort abondantes… Ces insulaires estimaient plus l’argent que l’or, parce que ce précieux métal y était très commun… Tous leurs ustensiles étaient ordinairement d’or ou d’argent… Leurs temples, soit dans les villes, soit à la campagne, étaient pour la plupart couverts d’or ; mais, depuis que les Hollandais leur ont porté du fer pour en avoir de l’or, ils l’ont moins prodigué. Description de l’île Formose ; Amsterdam, 1705, p. 167 et 168.
  4. La Sibérie a des mines d’or, mais dont le produit ne vaut pas la dépense ; elles sont aux environs de Kathérinbourg : une terre blanche tirant sur le gris, mêlée de quelques couches de terre martiale, indique la mine d’or. À peine a-t-on creusé deux pieds que les filons paraissent… Ces mines sont dans des glaises bleues, et se terminent ordinairement à des couches d’ocre ; l’or est communément dans le quartz et souvent dans un ocre très friable : on le trouve par petites paillettes, qu’on sépare au lavage. Cette mine d’or et quatre autres se trouvent à peu près sous la même latitude, et elles sont à plus de deux cents toises au-dessus du niveau de la mer, et renfermées dans des matières vitrifiables, tandis que les mines de cuivre ne sont qu’à cent quatre-vingts toises du même niveau de la mer, et mêlées de matières calcaires. Histoire générale des Voyages, t. XIX, p. 475 et 476. — Les mines de Kathérinbourg rendent annuellement deux cents à deux cent quatre-vingts livres d’or. Journal politique, 15 février 1776, article Paris.