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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/326

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et d’argent, et toutes sont situées dans les montagnes vitreuses produites par le feu primitif ; mais les mines cuivreuses de seconde formation, et qui proviennent du détriment des premières, gisent dans les montagnes schisteuses, formées, comme les autres montagnes à couches, par le mouvement et le dépôt des eaux. Ces mines secondaires ne sont pas aussi riches que les premières : elles sont toujours mélangées de pyrites et d’une grande quantité d’autres matières hétérogènes[1].

Les mines de troisième formation gisent, comme les secondes, dans les montagnes à couches, et se trouvent non seulement dans les schistes, ardoises et argiles, mais aussi dans les matières calcaires : elles proviennent du détriment des mines de première et de seconde formation, réduites en poudre ou dissoutes et incorporées avec de nouvelles matières. Les minéralogistes leur ont donné autant de noms qu’elles leur ont présenté de différences. La chrysocolle ou vert de montagne, qui n’est que du vert-de-gris très atténué ; la chrysocolle bleue, qui ne diffère de la verte que par la couleur que les alcalis volatils ont fait changer en bleu ; on l’appelle aussi azur, lorsqu’il est bien intense, et il perd cette belle couleur quand il est exposé à l’air, et reprend peu à peu sa couleur verte, à mesure que l’alcali volatil s’en dégage ; il reparaît alors, comme dans son premier état, sous la forme de chrysocolle verte, ou sous celle de malachite : il forme aussi des cristaux verts et bleus, suivant les circonstances, et l’on prétend même qu’il en produit quelquefois d’aussi rouges et d’aussi transparents que ceux de la mine d’argent rouge. Nos chimistes récents en donnent pour exemple les cristaux rouges qu’on a trouvés dans les cavités d’un morceau de métal enfoui depuis plusieurs siècles dans le sein de la terre ; ce morceau est une partie de la jambe d’un cheval de bronze, trouvée à Lyon en 1771 : mon savant ami, M. de Morveau, m’a écrit qu’en examinant au microscope les cavités de ce morceau, il y a vu non seulement des cristaux d’un rouge de rubis, mais aussi d’autres cristaux d’un beau vert d’émeraude et transparents dont on n’a pas parlé, et il me demande qu’est-ce qui a pu produire ces cristaux[2]. M. Demeste dit à ce sujet que l’azur et le vert de cuivre, ainsi que la malachite et les cristaux rouges qui se trouvent dans ce bloc de métal, anciennement enfoui, sont autant de produits des différentes modifications que le cuivre, en état métallique, a subies dans le sein de la terre[3] ; mais cet habile chimiste me

    ordinaire de trouver de l’argent : quand on aperçoit quelques échantillons d’argent sur la superficie des veines de cuivre, le fond a coutume d’être riche en argent… La superficie de la mine d’Ostologué, au pays de Lipès, était de cuivre pur ; mais, à mesure qu’on creusait, elle se transformait en argent, jusqu’à devenir argent pur. Métallurgie d’Alphonse Barba, t. Ier, p. 107.

  1. Dans les montagnes à couches, le cuivre est ordinairement dans un composé d’ardoise gris, noir ou bleuâtre, dans lequel il y a souvent des pyrites cuivreuses, du vert-de-gris ou du bleu de cuivre parsemé très finement… Les ardoises cuivreuses, qu’on trouve communément dans les montagnes à couches, sont puissantes depuis quelques pouces jusqu’à un pied et demi, et rarement plus ; elles sont aussi très pauvres en métal, ne donnent que deux ou trois livres de cuivre par quintal ; mais ce cuivre est très bon. Instruction sur les mines, par M. Delius, t. Ier, p. 87 et 88.
  2. Lettres de M. de Morveau à M. de Buffon. Dijon, le 28 août 1781.
  3. « Rien n’est plus propre, dit-il, à démontrer le passage du cuivre natif aux mines secondaires que la jambe d’un cheval antique de bronze, trouvée dans une fouille faite à Lyon en 1771 : cette jambe, qui avait été dorée, offrait non seulement de la malachite et de l’azur de cuivre, mais on y remarquait aussi plusieurs cavités dont l’intérieur était tapissé de petits cristaux très éclatants, de mine rouge de cuivre, transparente comme la plus belle mine d’argent rouge… On peut donc avancer que l’azur et le vert de cuivre, ainsi que les cristaux rouges qui s’y rencontrent, sont autant de produits des différentes modifications que le cuivre en état métallique a subies dans le sein de la terre. » Lettres de M. Demeste, etc., t. II, p. 357 et 358.