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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/379

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Toutes les mines de plomb en galène affectent une figure hexaèdre en lames écailleuses ou en grains anguleux, et c’est en effet sous cette forme que la nature a établi les mines primordiales de ce métal : toutes celles qui se présentent sous d’autres formes ne proviennent que de la décomposition de ces premières mines dont les détriments, saisis par les sels de la terre et mélangés d’autres minéraux, ont formé les mines secondaires de céruse, de plomb blanc[1], de plomb vert, de plomb rouge, etc., qui sont bien connues des naturalistes ; mais M. de Gensane fait mention d’une mine singulière qui renferme des grains de plomb tout à fait pur. Voici l’extrait de ce qu’il dit à ce sujet : « Entre Pradel et Vairreau, il y a une mine de plomb dans des couches d’une pierre calcaire fauve, et souvent rouge ; le filon n’a qu’un pouce et demi ou deux pouces d’épaisseur, et s’étend presque tout le long de la forêt des châtaigniers : c’est en général une vraie mine de plomb blanche et terreuse ; mais, ce qu’il y a de singulier, c’est que cette substance terreuse renferme dans son intérieur de véritables grains de plomb tout faits, ce qui était inconnu jusqu’ici ; cette terre minérale, qui renferme ces grains, rend jusqu’au delà de quatre-vingt-dix livres de plomb par quintal, et les grains de plomb qu’elle renferme sont très purs et très doux ; ils n’affectent point une configuration régulière, il y en a de toutes sortes de figures ; on en voit qui forment de petites veines au travers du minéral en forme de filigrane, et qui ressemblent aux taches des dendrites. On trouve du minéral semblable, et qui contient encore plus de plomb natif, près du village de Fayet, et de même près de Villeneuve-de-Berg, et encore dans la montagne qui est à droite du chemin qui conduit à Aubenas, à une petite lieue de Villeneuve-de-Berg ; les quatre endroits de ces montagnes où l’on trouve ce minéral sont à plus de trois lieues de distance les uns des autres sur un même alignement, et la ligne entière a plus de huit lieues de longueur. Les plus gros grains de plomb pur sont comme des marrons, ou de la grosseur d’une petite noix ; il y en a d’aplatis, d’autres plus épais et tout biscornus ; la plupart sont de la grosseur d’un petit pois, et il y en a qui sont presque imperceptibles. La terre métallique qui les renferme est de la même couleur que la litharge réduite en poussière impalpable ; cette terre se coupe au couteau, mais il faut le marteau pour la casser ; elle renferme aussi de véritables scories de plomb, et quelquefois une matière semblable à de la litharge ; cependant ce minéral ne provient point d’anciennes fonderies ; d’ailleurs, il est répandu dans une très grande étendue de terrain ; on en trouve sur un espace de plus d’un quart de lieue, sans rencontrer de scories dans le voisinage, où l’on n’a pas mémoire qu’il y ait jamais eu de fonderies[2]. »

  1. La mine de plomb blanche qui se trouve dans celle de Ponlaouen, en Bretagne, est en assez gros cristaux, de forme prismatique, irrégulièrement striés dans leur longueur, d’un blanc de nacre transparent, qui donnent au quintal quatre-vingts livres de plomb tenant un peu d’argent… Cette mine de plomb blanche, quoi qu’en dise Vallerius, est parfaitement soluble par tous les acides… Elle ne contient point d’arsenic, quoique Vallerius l’ait assuré, ni d’acide marin, comme le prétend M. Sage… Les mines de plomb spathiques sont des mines de plomb de seconde formation, que l’on rencontre dispersées sans ordre et sans suite dans les environs et toujours assez près des galènes ou mines de plomb sulfureuses. La position des mines spathiques, leur cristallisation distincte plus ou moins les font aisément reconnaître pour l’ouvrage des eaux souterraines chargées de la partie métallique des galènes décomposées. Mémoire de M. Labory, dans ceux des Savants étrangers, t. IX, p. 442 et suiv.
  2. M. de Virly, président à la Chambre des comptes de Dijon, a eu la bonté de m’apporter un morceau de cette mine mêlé de plomb tout pur, qu’il a trouvé à l’Argentière en Vivarais, sur l’une des deux montagnes entre lesquelles cette ville est située ; il en a rapporté des morceaux gros comme le poing, et communément il y en a de la grosseur d’un œuf : les uns ont l’apparence d’une terre métallique, ils ressemblent au massicot et sont un peu transparents ; d’autres, plus légers, sont en état de verre et renferment des globules de