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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/487

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Les anciens ont compté cinq espèces d’améthystes qu’ils distinguaient par les différents tons ou degrés de couleurs ; mais cette diversité ne consiste qu’en une suite de nuances qui rentrent les unes dans les autres, ce qui ne peut établir entre ces pierres une différence essentielle. La distinction qu’en font les joailliers en orientales et en occidentales ne me paraît pas bien fondée ; car aucune améthyste n’offre les caractères des pierres précieuses orientales, savoir, la dureté, la densité et la simple réfraction. Ce n’est pas qu’entre les vraies pierres précieuses il ne puisse s’en trouver quelques-unes de couleur violette ou pourprée, et même quelques amateurs se flattent d’en posséder, et leur donnent le nom d’améthystes orientales. Ces pierres sont au moins très rares, et nous ne les regarderons pas comme des améthystes, mais comme des rubis, dont en effet quelques-uns semblent offrir des teintes d’un rouge mêlé de pourpre.


CRISTAUX-TOPAZES

On a mal à propos donné le nom de topazes à ces pierres qui se trouvent en Bohême, en Auvergne et dans plusieurs autres provinces de l’Europe, et qui ne sont que des cristaux de roche colorés d’un jaune plus ou moins foncé, et souvent enfumé : comme leur forme de cristallisation, leur dureté, leur densité sont les mêmes que celles du cristal, et qu’elles ont aussi une double réfraction, il n’est pas douteux que ces sortes de topazes ne soient, ainsi que les améthystes, des cristaux colorés. Ces cristaux topazes n’ont de rapport que par le nom et la couleur avec la vraie topaze, qui est une pierre précieuse et rare qu’on ne trouve que dans les climats chauds des régions méridionales, au lieu que ces cristaux-topazes ont peu de prix, et se trouvent aussi communément dans les contrées du nord que dans celles du midi[1] ; et, quoiqu’on donne l’épithète d’occidentale à la topaze de Saxe et à celle du Brésil, comme elles sont d’une pesanteur spécifique bien plus grande que celle des cristaux colorés, et presque égale à la densité du diamant, leur cristallisation étant d’ailleurs toute différente de celle des cristaux de roche, on doit les regarder comme des pierres qui, quoique inférieures à la topaze orientale, sont néanmoins supérieures à nos cristaux-topazes par toutes leurs propriétés essentielles.

Ces cristaux-topazes se trouvent en Bohême[2], en Misnie, en Auvergne, et se rencon-

  1. Wolckmann, dit M. Pott, donne l’énumération des lieux de Sibérie qui fournissent les topazes ; tels sont les montagnes des géants, ou Riesengebirge, auprès du grand lac ; le mont Kommers ou Gomberg, auprès de Schreibersan ; le mont Kinart, derrière le château et au-dessous de Kinart près de Hernistorst, à la colline nommée Zeisigenhügel, dans le voisinage de Schmiedeberg, et dans les rivières d’Yser et de Zacken…

    M. Henckel dit qu’elle se trouve assez abondamment dans le Voigtland, à la montagne nommée Schneckemberg, auprès de la colline de Tanneberg, à deux milles d’Auerbach, où elle se tire d’entre une marne jaune et le cristal de roche, et se rencontre dans les fentes d’un rocher si dur qu’on peut se servir des morceaux de ce rocher pour entamer et briser même la topaze. La couleur de cette topaze est plus ou moins jaune, à peu près tirant sur un petit vin pâle. Le côté d’en bas qui est attaché au rocher est pour l’ordinaire plus trouble et plus obscur ; mais, vers la pointe, la couleur devient plus nette et plus transparente. Mémoires de l’Académie de Berlin, année 1747, p. 46 et suiv.

  2. « La topaze de Bohême, dit M. Dutens, est en cristaux ou canons assez gros, mais d’un poli moins vif que la topaze d’Orient ou du Brésil ; sa couleur tire sur celle de l’hyacinthe, et quelquefois sur le brun… Ce qu’on appelle topaze enfumée n’est qu’un cristal de roche teint de jaune ordinairement terne et sombre ; et ce qu’on nomme