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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/562

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On doit, comme nous l’avons dit, séparer des vrais cailloux les morceaux de quartz, de jaspe, de porphyre, de granit, etc., qui, ayant été roulés, ont pris une figure globuleuse : ces débris des matières vitreuses sont en immense quantité[1] ; mais ce ne sont que des débris et non pas des extraits de ces mêmes matières, comme on le reconnaît aisément à leur texture qui est uniforme, et qui ne présente point de couches concentriques posées les unes sur les autres, ce qui est le véritable caractère par lequel ont doit distinguer les cailloux de toutes les autres pierres vitreuses, et souvent ces couches qui composent le caillou sont de couleur différente[2].

Il se trouve des cailloux dans toutes les parties du monde : on en distingue quelques-uns, comme ceux d’Égypte[3], par leurs zones alternatives de jaune et de brun, et par la

    creux rempli d’une terre qui se met aisément en poudre. Le creux occupe le milieu de toute la pierre ; ces deux classes ne diffèrent qu’en grandeur, en couleur, et un peu en figure ; les pierres de la première classe approchent de la figure sphérique ; leur plus petit diamètre est de deux pouces, et le plus grand de quatre. La terre qui les couvre est blanche, et celle qui en remplit le creux encore plus. La partie qui est caillou est placée entre deux terres, à un doigt et demi d’épaisseur. La seconde classe est de petites pierres, grosses au plus comme des noix, ordinairement sphériques, quelquefois sphéroïdes ou plates dont le caillou est fort mince, et la terre, tant celle qui les couvre que celle qui en remplit le creux, est d’une couleur roussâtre, comme du café brûlé ou du tabac d’Espagne ; cette classe est beaucoup moins nombreuse que l’autre.

    M. de Mairan a trouvé quelques-unes de ces pierres qui n’étaient qu’un amas de plusieurs pierres collées ensemble et renfermées sous une croûte commune. Histoire de l’Académie des sciences, année 1721, p. 21 et suiv.

  1. Dans les environs de Vauvilliers et de Pont-du-Bois, l’on remarque une très grande quantité de cailloux roulés, de toutes sortes de couleurs, comme dans la plaine de Saint-Nicolas en Lorraine : ce sont des fragments de quartz usés par le roulis des eaux, et qui ont formé autrefois les grèves de la mer. Mémoires de physique, par M. de Grignon, p. 366. — M. Bowles dit que le pavé de Tolède est composé de pierres rondes de sable qu’on trouve aux environs. Le terrain, ajoute-t-il, abonde en bancs profonds de petits cailloux non calcaires, de sorte que le Tage fait découvrir quelques-uns de ces bancs, perpendiculairement coupés, de plus de cinquante pieds de hauteur. Voyage de Madrid à Almaden, p. 3 et 4.
  2. J’ai amassé, dans les environs de Bourbonne-les-Bains, des cailloux d’une forme ronde plus ou moins parfaite ; ils sont presque tous encroûtés d’une couche en décomposition… La surface des uns est lisse, on voit des mamelons qui hérissent celle des autres ; enfin, il y en a qui présentent des enfoncements d’une forme régulière. Tous les cailloux de cette espèce que j’ai cassés sont veinés de lignes rouges concentriques, tracées circulairement plus ou moins régulièrement, ou comme des guillochés. Dans la coupe d’un que j’ai fait polir, on voit que ces linéaments sont d’une couleur de rouge vif, que la substance intermédiaire est un silex qui est à demi transparent, laiteux dans des endroits, rembruni dans d’autres ; il y a lieu de présumer que la couleur de ces zones, d’un rouge vif, est due à des parties de fer décomposées, qui ont été dissoutes par le fluide qui a formé le caillou qui ressemble en partie à l’agate onyx, et qui a beaucoup de rapport avec le caillou d’Égypte dont il n’a pas l’opacité. Mémoires de physique, par M. de Grignon, p. 354.
  3. J’aperçus, dit Paul Lucas, sur le bord du Nil, un grand amas de pierres qui attirèrent ma curiosité ; je mis pied à terre, je trouvai des cailloux d’une espèce qui me parut avoir quelque chose de particulier ; j’en cassai quelques-uns, et y ayant remarqué des veines fort singulières, j’en pris un assez grand nombre et je les emportai dans la barque. Depuis mon retour, j’en ai fait tailler quelques-uns ; ils sont plus durs que l’agate, ils prennent un fort beau poliment et sont propres à faire de fort beaux ouvrages. Troisième voyage de Paul Lucas en Turquie, etc. ; Rouen, 1719, t. II, p. 381. — « Nous fûmes, dit Monconys, souper au soleil couché dans un champ tout rempli de ces cailloux peints en dedans, ce qui continue jusqu’au Caire ; j’en trouvai d’assez achevés et curieux : l’un avait un cœur parfaite-