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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/578

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endroits où on les trouve, et il observe que c’est pour l’ordinaire vers la surface de la terre qu’on rencontre cette matière, et qu’elle ne se trouve guère à une grande profondeur : en effet, elle n’est pas de première, mais de seconde, et peut-être de troisième formation ; car la composition des serpentines et des pierres ollaires exige d’abord l’atténuation du mica en lames ou en filets talqueux, et ensuite leur formation suppose le mélange et la réunion de ces parties talqueuses avec un ciment ferrugineux, qui a donné la consistance et les couleurs à ces pierres.

M. Pott, après avoir examiné les propriétés de ces pierres, en conclut qu’on doit les rapporter aux argiles, parce qu’elles se durcissent au feu, ce qui, selon lui, n’arrive qu’aux seules argiles ; il avoue que ces pierres ne se délaient pas dans l’eau comme l’argile, mais que néanmoins, en les pulvérisant et les lavant, « elles se laissent en quelque sorte travailler à la roue à potier et que, réduites en pâte avec de l’eau, cette pâte se durcit au feu. » Nous observerons néanmoins que ce n’est pas de l’argile[1], mais du mica, que ces pierres tirent leur origine et leurs principales propriétés, et que si elles contiennent de l’argile, ce n’est qu’en petite quantité, et toujours beaucoup moins qu’elles ne contiennent de mica ou de talc : seulement on peut passer par degrés des stéatites à l’ardoise, qui contient au contraire beaucoup plus d’argile que de mica, et qui a plusieurs propriétés communes avec elle. Il est vrai que les ardoises, et même les argiles molles qui sont mêlées de talc ou de mica sont, comme les stéatites, douces et savonneuses au toucher, qu’elles se durcissent au feu, et que leurs poudres ne reprennent jamais autant de consistance que ces matières en avaient auparavant ; mais cela prouve seulement le passage de la matière talqueuse à l’argile, comme nous l’avons démontré pour le quartz et le grès ; et il en est de même des autres verres primitifs et des matières qui en sont composées, car toutes les substances vitreuses peuvent se réduire avec le temps en terre argileuse.


    seule qu’on appelle craie d’Espagne… » Le célèbre Cramer, en recommandant un fourneau d’une espèce singulière, dit : « Sa matière est une pierre légère et mole qu’on nomme pierre ollaire, mais qui est pourtant plus légère et d’une autre nature que la pierre ollaire de Pline ou celles d’Appenzel et de Chiavenne de Suisse, que Scheuchzer a fait connaître dans sa description. On en creuse en abondance en Hesse, ou plutôt dans le comté de Nassau, aussi bien qu’en Thuringe, pas loin d’Ilmenan, où l’on s’en sert principalement pour bâtir les maisons, parce qu’elle peut être fendue et sciée. »

    Il s’en trouve aussi, quoique plus rarement, dans les mines de Saxe : on l’y appelle speckstein ; elle est un peu plus dure que la craie d’Espagne ordinaire, néanmoins du même genre, de couleur blanche, rouge ou verdâtre, et quelquefois parsemée de taches pourprées et blanches. J’en ai reçu, du duché de Magdebourg, une espèce de couleur brune, mais elle s’est fondue à la seule ardeur du feu, à cause de la grande quantité de fer qui s’y trouve mêlée.

    Il y en a une espèce jaune et rayée comme le marbre, qu’on creuse auprès de la ville de Neiss en Silésie, quoique assez rarement… J’ai compris par les lettres d’un ami qu’on en rencontrait encore en Silésie, comme autour de Hisscheberg, de Liegnitz, de Goldberg et de Strige, aussi bien que dans les montagnes de Styrie et du Tyrol. Mémoires de l’Académie de Berlin, année 1747.

  1. Mémoires de l’Académie de Berlin, année 1747