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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/69

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pur que celui de Gabian ; et depuis le naphte, que je regarde comme le bitume le mieux distillé par la nature, au pétrole, à l’asphalte, à la poix de montagne, au succin, au jayet et au charbon de terre, on trouve toutes les nuances et tous les degrés d’une plus ou moins grande pureté dans ces matières qui sont toutes de même nature.

« En Auvergne, dit M. Guettard, les monticules qui contiennent le plus de bitume sont ceux du Puy-de-Pège (poix) et du Puy-de-Cronelles : celui de Pège se divise en deux têtes, dont la plus haute peut avoir douze ou quinze pieds ; le bitume y coule en deux ou trois endroits… À côté de ce monticule se trouve une petite élévation d’environ trois pieds de hauteur sur quinze de diamètre : selon M. Ozy, cette élévation n’est que de bitume qui se dessèche à mesure qu’il sort de la terre, la source est au milieu de cette élévation. Si l’on creuse en différents endroits autour et dessus cette masse de bitume, on ne trouve aucune apparence de rocher. Le Puy-de-Cronelles, peu éloigné du précédent, peut avoir trente ou quarante pieds de hauteur ; le bitume y est solide, on en voit des morceaux durs entre les crevasses des pierres ; il en est de même de la partie la plus élevée du Puy-de-Pège[1]. »

En Italie, dans les duchés de Modène, Parme et Plaisance, le pétrole est commun : le village de Miano, situé à douze milles de Parme, est un des lieux d’où on le tire dans certains puits construits de manière que cette huile vienne se rassembler dans le fond[2].

    terre : la matière bitumineuse qui se tire dans le voisinage de Virtemberg, fort ressemblante à du succin qui n’aurait passé que légèrement au feu, et qu’on appelle succin, paraît tenir un milieu entre le charbon de terre et le jayet. Du charbon de terre et de ses mines, par M. Morand, p. 18. — Le charbon, que les Anglais appellent kennel coal, est très pur et ressemble au jayet ; et l’on peut croire que la différence qu’il y a entre les bitumes et les charbons de terre provient de ce que ceux-ci sont mêlés de parties terreuses qui en divisent le bitume et empêchent qu’ils ne puissent, comme les autres bitumes, se liquéfier au feu et s’allumer si promptement ; mais aussi le charbon de terre est de toutes les matières de ce genre bitumineux celle qui conserve le feu plus longtemps et plus fortement… Mais, au reste, ces matières terreuses qui altèrent le bitume des charbons de terre ne sont pas celles qui s’y trouvent en plus grande quantité. Idem, ibidem.

  1. Mémoire sur la minéralogie d’Auvergne, dans ceux de l’Acad. des sciences, année 1759… Les pierres bitumineuses de l’Auvergne se trouvent dans des endroits qui forment une suite de monticules posés dans le même alignement : peut-être y a-t-il ailleurs de semblables pierres, car je sais qu’on a trouvé du bitume sur le Puy-de-Pelon, à Chamalière près de Clermont, et au pied des montagnes à l’ouest… Dans le fond des caves des Bénédictins de Clermont, où l’on trouve du bitume, on ramasse une terre argileuse d’un brun foncé, et recouverte d’une poussière jaune soufrée : la pierre du roc où les caves sont creusées est brune, ou brun jaunâtre, ou lavée de blanc : le bitume recouvre ces pierres en partie : il est sec, noir et brillant ; enfin il y a encore à Machaut, hauteur qui est à un quart de lieue de Riom, sur la route de Clermont, une source de poix dont les paysans se servent pour graisser les essieux des voitures. Indépendamment du bitume du Pont-du-Château, le roc sur lequel est construite l’écluse de cet endroit est d’une pierre argileuse, gris verdâtre et parsemée de taches noires et rondes qui paraissent bitumineuses. Idem, ibibem.
  2. « On rencontre à Miano, dit M. Fougeroux de Bondaroy, plusieurs de ces puits anciens abandonnés ; mais on n’y compte maintenant que trois puits qui fournissent du pétrole blanc, et à quelque distance de ce village, deux autres qui donnent du pétrole roux… On creuse les puits au hasard et sans y être conduit par aucun indice, à cent quatre-vingts pieds environ de profondeur… L’indice le plus sûr de la présence du pétrole est l’odeur qui s’élève du fond de la fouille, et qui se fait sentir d’autant plus vivement qu’on parvient à une plus grande profondeur, et qui vers la fin de l’ouvrage devient si forte que les ouvriers, en creusant et faisant les murs du puits, ne peuvent pas rester une demi-heure ou même un quart d’heure sans être remplacés par d’autres, et souvent on les retire évanouis : on creuse donc le puits jusqu’à ce qu’on voie sortir le pétrole, qui se filtre à tra-