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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/89

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Les matières fondues par le feu des volcans ont donc enveloppé des substances solides et des minéraux de toutes sortes ; les poudres calcinées qui s’élèvent de ces gouffres embrasés se durcissent avec le temps et se convertissent en une espèce de tuffeau assez solide pour servir à bâtir. Près du Vésuve, ces cendres terreuses rejetées se sont tellement unies et endurcies par le laps de temps, qu’elles forment aujourd’hui une pierre ferme et compacte dont ces collines volcaniques sont entièrement composées[1].

On trouve aussi dans les laves différentes cristallisations qui peuvent provenir de leur propre substance, et s’être formées pendant la condensation et le refroidissement qui a suivi la fusion des laves : alors, comme le pense M. Ferber[2], les molécules de matières

  1. « Pompéia et Herculanum étaient bâties de ce tuf et de laves : ces villes ont été couvertes de cendres, qui se sont converties en tuf ; sous les jardins de Portici on a découvert trois différents lits de laves les uns sous les autres, et on ignore le nombre des couches volcaniques qu’on trouverait encore au-dessous ; c’est de ce tuf qu’on se sert encore aujourd’hui pour la construction des maisons de Naples… Les catacombes ont été creusées par les anciens dans ce même tuf… On trouve de temps en temps, dans ce tuf et dans les cendres, des cristaux de schorl blanc en forme de grenats arrondis à beaucoup de facettes ; ils sont à demi transparents et vitreux, ou bien ils sont changés en une farine argileuse… Il y a même de ces cristaux dans les pierres ponces rouges que renferme la cendre qui a enseveli Pompéia… La mer détache une quantité de pierres ponces des collines de tuf, contre lesquelles elle se brise ; tout le rivage, depuis Naples jusqu’à Pouzzole, en est couvert : les flots y déposent aussi un sable brillant ferrugineux, attirable à l’aimant, que les eaux ont arraché et lavé hors des cendres contenues dans les collines de tuf… Différentes collines des environs de Naples renferment encore des cendres non endurcies et friables de diverses couleurs qu’on nomme pouzzolanes. » M. le baron de Dietrich remarque avec raison que la vraie pouzzolane n’est pas précisément de la cendre endurcie et friable, comme le dit M. Ferber, mais plutôt de la pierre ponce réduite en très petits fragments, et je puis observer que la bonne pouzzolane, c’est-à-dire celle qui, mêlée avec la chaux, fait les mortiers les plus durables et les plus impénétrables à l’eau, n’est ni la cendre fine ou grossière pure, ni les graviers de ponce blanche, et qu’il n’y a que la pouzzolane mélangée de beaucoup de parties ferrugineuses qui soit supérieure aux mortiers ordinaires : c’est, comme nous le dirons (à l’article des ciments de nature), le ciment ferrugineux qui donne la dureté à presque toutes les terres et même à plusieurs pierres. Au reste, la meilleure pouzzolane, qui vient des environs de Pouzzole, est grise ; celle des provinces de l’État ecclésiastique est jaune, et il y en a de noire sur le Vésuve. M. le baron de Dietrich ajoute que la meilleure pouzzolane des environs de Rome se tire d’une colline qui est à la droite de la via Appia, hors de la porte de Saint-Sébastien, et que les grains de cette pouzzolane sont rougeâtres. Lettres de M. Ferber, p. 181.
  2. « Il y a de ces cristaux, dit M. Ferber, depuis la grandeur d’une tête d’épingle jusqu’à un pouce de diamètre ; ils se trouvent dans la plupart des laves des volcans anciens et modernes ; ils sont serrés les uns contre les autres ; on peut, en frappant sur les laves, les en détacher, et, lorsqu’ils sont tombés, il reste dans la lave une cavité qui conserve l’empreinte des cristaux, et qui est aussi régulière que les cristaux mêmes : il y a communément au centre un petit grain de schorl noir… Il se trouve aussi dans quelques laves du Vésuve de petites colonnes de schorl blanc transparent, avec ou sans pyramides à leur sommet ; et aussi des rayons de schorl noir, minces et en aiguilles, ou plus épais et plus gros, arrondis en hexagones…

    » On trouve dans ces mêmes laves du mica de schorl feuilleté noir, en feuilles plus ou moins grandes, quelquefois hexagones très brillantes ; il paraît que ce ne sont que de petites particules qui ont été détachées par la grande chaleur du schorl noir en colonnes ; peut-être ce schorl était-il feuilleté dans son origine.

    » On y trouve du schorl noir disséminé par petits points dans les laves.

    » Des cristaux de schorl noir fort brillants, hexagones, oblongs, si petits qu’on ne peut découvrir leur figure qu’au moyen de la loupe : la pluie les lave hors des collines de